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Génération désenchantée
Editos le 13 novembre 2025
Fini la légèreté, la grande Histoire avec un beau H. Fini les plans quinquennaux sur la comète, les récits flamboyants d’espoir et de spectaculaire. Nous vivons l’après: l’après des mythes, des promesses et des chants collectifs. Le monde s’est dévêtu de ses légendes, et le cinéma, désormais, en porte la banale nudité. Nous, critiques et spectateurs, avançons dans ce que Byung-Chul Han décrit comme une époque où le sujet de la performance s’exploite lui-même et croit, ce faisant, se réaliser1: plus de transcendance, moins de vanités. Dans les propositions de ce numéro, quelque chose s’est effondré. Qu’il soit politique, amoureux, familial ou romanesque, le temps qui s’y reflète semble avoir perdu foi en ses récits. Le désenchantement y agit comme une couleur, grisante et grisée, à la fois lucide et mélancolique, qui attaque les images comme une fièvre lente et désabusée. Cette fièvre, c’est peut-être celle que notre époque nous a refilée: brûlant les esprits sans les consumer, épuisant sans renverser... Une fièvre du trop-plein, que l’on soigne avec des slogans génériques, qu’on maquille sous les chiffres de croissance ou de décroissance comme une vulgaire voiture volée. Mais d’où vient ce mal? On nous a longtemps répété que la richesse de cette croissance, la culture, la reconnaissance «descendraient» d’elles-mêmes, comme une pluie fine depuis les étages supérieurs - plus on engraissait le haut, plus le bas serait sauvé. Ruissellement, disait-on...Lire la suite... -
Boycott?
Editos le 16 octobre 2025
Tout commence par un nom devenu verbe. Boycott. En 1880, en Irlande, des voisins décident de ne plus travailler pour Charles Boycott, de ne plus lui parler, de ne plus le servir. La presse transforme l’homme en mot. Le mot devient méthode: se retirer collectivement, pour peser politiquement. Depuis, l’idée a quitté les champs de County Mayo pour gagner nos écrans. Aujourd’hui, le cinéma parle aussi cette langue du retrait. Dans un programme de festival, chaque présence dit quelque chose; chaque absence, aussi. On se demande: faut-il séparer l’œuvre de l’institution qui l’abrite? l’artiste du pouvoir qui l’emploie? Ces questions bruissent dans les couloirs, au bar d’après-séance, entre deux projections. Revenir à l’origine du mot n’est pas coquetterie: c’est prendre la mesure de ce que veut dire, en 2025, dire non dans un art fait pour être partagé. Ces cinq dernières années l’ont montré. Golden Globes 2022: la cérémonie disparaît de l’antenne après le scandale de la HFPA. Un silence mondial, lourd comme un verdict. Puis les festivals redessinent leurs lignes.Lire la suite... -
Ce qui passe, persiste
Editos le 18 septembre 2025
Hannah Arendt écrivait: «La culture concerne les objets et est un phénomène du monde; le loisir concerne les gens et est un phénomène de la vie. Un objet est culturel selon la durée de la permanence; son caractère durable est l’exacte opposé du caractère fonctionnel, qualité qui le fait disparaître à nouveau du monde phénoménal par utilisation, et par usure.» Cette distinction nous ramène à une évidence trop souvent refoulée: tout a une valeur, mais ces valeurs sont sans cesse manipulées. Accident, justice, actualité: l’information déborde, déformée pour orienter nos regards. Dans quel but? Sûrement pour vendre du loisir, acheter nos voix, polariser les colères. En somme, détourner notre attention. Les films que notre rédaction a traversés récemment creusent cette fracture entre culture et loisir, en forgeant un dialogue sur l’épuisement utilitaire - celui d’un système, celui d’une pensée.Lire la suite... -
Au nord, la rigueur tient sa boussole
Editos le 21 août 2025
Dans le tumulte des coupes budgétaires culturelles, où la plupart des politiques sabrent les fonds alloués au 7e art, comme certains sabrent le champagne sur un yacht, la Scandinavie, quant à elle, fait figure de généreuse mécène. On parle volontiers de «la vague nordique» pour désigner l’aura croissante émanant du cinéma danois, norvégien, suédois et finlandais. Et comme toute vague, celle-ci est stimulée par un courant invisible: le Nordisk Film & TV Fund. Né à Oslo en 1990, financé par le Conseil des ministres, les institutions nationales et les diffuseurs régionaux, son objectif clair et ambitieux n’a pas changé: renforcer la coopération nordique pour faire rayonner ses œuvres dans le monde entier.Lire la suite... -
Cruel «Summer»
Editos le 09 juillet 2025
Lire la suite...Au menu de ce numéro 942, une ribambelle de flops vient décorer les couloirs désertés des multiplexes en cycle estivale. Du remake de dinosaures ridicule avec Jurassic World: Renaissance de Gareth Edwards, au thriller assassin sans grand intérêt à base de requins et de touristes dans Dangerous Animals de Sean Byrne, en passant par Les Orphelins, un film d’action mal dosé signé Olivier Schneider; nos rédacteurs ont fait saigner leurs doigts à force de frénétiquement taper leurs critiques virulentes. Le mois de juillet reste, pour les sorties cinéma, une voie de garage où l’on parque consciencie...
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Tristesse? Fatigue.
Editos le 12 juin 2025
Bien qu’il ait aussi bien servi le divertissement dans toute son indécence que la cause politique, le cinéma reste tiraillé de toutes parts - comme une couette trop petite sur un lit trop grand. Il couvre mal, découvre trop. Tantôt récupéré par la droite pour attiser la haine, tantôt par la gauche pour soigner la pensée, il vacille. On débattra pour ou contre telle image. Puis on l’oubliera, remplacée par une autre. Jusqu’à ne plus savoir quoi faire de cette mémoire. Le cinéma, de son côté, encaisse. Il prend tout ce qu’on lui donne, ou ce qu’on préférait pourtant garder sous le tapis.Lire la suite... -
De la conceptualisation ritualistique de la mise à mort
Editos le 15 mai 2025
Lire la suite...Avouons-le: Tardes de soledad (Après-midis de solitude) d’Albert Serra est un film insoutenable à regarder, par la violence qui y est dépeinte, omniprésente et frontale. Pourtant, de cette brutalité émerge une fascination pour son formalisme conceptuel 1. Avec son premier documentaire, Serra nous plonge au cœur de la corrida, là où, à travers la répétition ritualistique, se joue l’acte de mise à mort. En dehors de quelques séquences dans le minibus, le film se concentre majoritairement sur la «lidia», l’instant précis où le taureau est dominé, torturé, puis tué. Cette réitération structure l’e...
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En lisière du cadre
Editos le 09 avril 2025
En ce mois d’avril, nos salles accueillent des films qui ne cherchent ni la démonstration ni le spectaculaire. Des œuvres qui avancent à pas feutrés, en bordure du récit, là où les histoires se racontent autrement. Ce sont des films de seuils, de silences, de latences - des films qui choisissent la marge. Non comme un repli ou une posture, mais comme un espace de friction, de déplacement, de recomposition. Les Filles du Nil, La Cache, Black Dog et La Transformation merveilleuse de la classe ouvrière en étrangers ont ceci en commun: ils s’écrivent là où les grands récits se fissurent. Et c’est précisément là que leur cinéma prend corps.Lire la suite... -
The Brutalist: une brutalité historico-culturelle
Editos le 12 mars 2025
Lire la suite...Le récit d’un Juif hongrois, architecte doué et survivant de la Shoah, qui émigre aux États-Unis en 1947 - année où les Nations Unies votent le plan de partage de la Palestine pour la création du futur État d’Israël -, avait de quoi attirer le public dans la salle obscure. Filmé en 35 mm avec le procédé VistaVision, The Brutalist de Brady Corbet promettait d’être une épopée conséquente, à l’instar de Guerre et Paix (1956) de King Vidor qui partage la même durée et la même technique de prises de vues sur pellicule. La comparaison s’arrête là, le doute s’installe. La consternation devient peu à ...
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Culture suisse, culture pub, carton rouge
Editos le 12 février 2025
C’est une période des plus tourmentées qui s’annonce pour le cinéma helvétique en ce début d’année, mais c’est aussi une des plus dynamiques pour rencontrer les propositions en festival, et c’est le Black Movie qui a inauguré la valse des manifestations culturelles d’envergure internationale en janvier dernier. Nos rédacteurs se sont plongés dans une programmation toujours plus engagée et se sont attelés à un compte rendu conséquent, que vous trouverez dans ce numéro.Lire la suite...