L'édito de Anthony Bekirov - La jeune fille et le marabout

Le 08 février 2024

Nous sommes en 2014. Genève, salle de spectacle du Théâtre Pitoëff. Nous sommes en plein GIFF (Geneva International Film Festival) et un grand événement se prépare. Dans quelques instants, le dernier film du grand réalisateur argentin Lisandro Alonso, Jauja va être projeté. L’actrice principale a même fait le déplacement depuis le Danemark! La salle est comble. Le film commence… 1 h 40 de western métaphysique avec la gueule ahurie de Viggo Mortensen. Le meilleur film de la décennie. Mais à l’époque, complètement incompris (je n’exagère pas, les seules réactions des spectateurs à la sortie étaient «au moins il y avait des beaux paysages»). Ce n’est pas un timide dossier dans Les Cahiers du cinéma qui allait sauver le film de l’étrange reniement auquel il dut faire face. Peut-être étais-je seul, avec une poignée d’élus bien-nés, à donc attendre impatiemment la projection de son nouveau film, Eureka au Black Movie, autre festival genevois. Pas de délégation d’acteurs cette fois mais le producteur suisse du film, emmitouflé dans ses habits d’hiver et l’air penaud. Autant dire que cette fois, le tensiomètre frôlait le 0. Peut-être que les programmateurs ont retenu la leçon. Le film commence alors, sans fanfare. Et les rares qui avaient vu Jauja ont sans nul doute ressenti une étrange sensation de «flash-back» aux premières images du film: la gueule perdue de Viggo Mortensen dans l’Amérique sauvage du début du 20e siècle. On croirait à un remake. Même les beaux paysages sont de retour. Et pourtant le film dure une heure de plus. Qu’est-ce qu’Alonso va bien pouvoir broder pour allonger un film qui était déjà au maximum de sa densité? Vous découvrirez cela dans ma critique… lorsque le film sortira, je ne sais pas quand. À bon entendeur!