Critique
LA COULEUR DES SENTIMENTS aborde des questions cruciales en nous plongeant dans les coulisses de la vie quotidienne de quelques familles appartenant à la classe moyenne du Sud profond, le Mississippi des années 1960. Et comment le faire mieux qu’en s’intéressant aux destins et aux sentiments des domestiques noires. Car si l’abolition de l’esclavage a été proclamée un siècle auparavant, pour beaucoup de Blancs de Jackson les gens de couleur restent des êtres inférieurs. Inférieurs mais si indispensables!
Et c’est grâce au courage et à l’intelligence d’une jeune fille bien née que des femmes fortes vont pouvoir sortir de l’ombre et apparaître dans la lumière de cette petite ville cancanière. Les durs combats pour les droits civiques et le destin de J. F. Kennedy sont juste évoqués en filigrane.
Certes, cette réalisation, adaptée d’un roman de Kathryn Stockett, est sans surprise ni trouvaille cinématographique, mais elle est de belle facture, classique, simple, et les actrices sont magnifiques. Les critiques vont lui reprocher son trop plein de bons sentiments. Mais pourquoi bouder son plaisir? Ce film raconte une histoire touchante et il le fait bien. Il rappelle surtout que le racisme ordinaire est une hydre prête à resurgir n’importe où et n’importe quand.
Une fois de plus, force est de constater qu’en 1963 cela se passait «encore» ainsi. Et aujourd’hui?...
Note: 15
Anne-Béatrice Schwab
