Bad Company

Avec Bad Company, Joel Schumacher (Chute libre, Batman Forever, Personne n'est parfait) se lance dans le thriller d'espionnage, version ""air du temps"" et politiquement correct. Rien de très étonnant d'ailleurs quand on sait que son producteur s'appelle Jerry Bruckheimer, celui de Pearl Harbor et de La Chute du faucon noir...

Bad Company donne carrément dans le déjà vu. Un vieil inspecteur (blanc) flanqué d'un jeune collègue (noir) - ou l'inverse, c'est selon -, on connaît la musique. Et l'Amérique chargée de préserver le monde de tous les dangers du terrorisme international, on a déjà entendu parler de ça quelque part.

Le couple de Bad Company c'est Anthony Hopkins (Gaylord Oakes, vétéran de la CIA) et Chris Rock (Kevin Pope, son bras droit), tous deux chargés d'empêcher un groupe de mafieux russes - qui détiennent une petite bombe nucléaire ""portable"" - de faire sauter la ville entière de New York. Prière, pour ceux qui n'auraient pas encore compris, de se référer aux événements de septembre 2001.

Voilà une fois de plus un film américain pour les Américains, même si l'un des terroristes, au moment de passer de vie à trépas, tient un discours inattendu et musclé, reprochant aux représentants de la CIA leur totale méconnaissance des problèmes sociaux rencontrés par les peuples qui sont devenus aujourd'hui les bêtes noires des Etats-Unis. Une diatribe surprenante, mais tellement privée de tout contexte qu'elle tombe complètement à plat.

Se greffe encore sur cette histoire d'espionnage, pour faire bon mélange, une part importante de comédie. Brutalement éliminé en début de course l'inspecteur noir en titre doit être remplacé (il en va de l'intérêt de la nation américaine!) par son frère jumeau Jack Hayes, sosie parfait physiquement, mais sorti tout droit des bas-fonds new-yorkais. Et c'est à Oates que reviendra la tâche ardue (c'est l'occasion de quelques moments comiques) de faire de ce personnage tchatcheur et farfelu un espion authentique, compétent et raffiné...

Bad Company contient tous les ingrédients nécessaires à un film de grande consommation: suspense dramatique, séquences d'action, comédie touchant parfois au burlesque, scènes de bravoure, acteurs de talent, sans oublier le message politique et un happy end d'ultime seconde. Joel Schumacher connaît son métier, il sait diriger des acteurs et mener une intrigue à terme. Mais tout compte (à rebours) fait, Bad Company reste une espèce de patchwork qui ne dépasse jamais le niveau de la simple et médiocre distraction.