Chute du faucon noir (La)

Affiche Chute du faucon noir (La)
Réalisé par Ridley Scott
Pays de production U.S.A., Grande-Bretagne
Année 2001
Durée
Musique Hans Zimmer
Genre Action, Drame, Guerre
Distributeur Columbia TriStar Films
Acteurs Tom Sizemore, Josh Hartnett, Ewan McGregor, Jason Isaacs, Eric Bana
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 431
Bande annonce (Allociné)

Critique

"On sait que Ridley Scott ne fait pas dans la dentelle. L'auteur d'ALIEN, de BLADE RUNNER et, plus récemment, de GLADIATOR et d'HANNIBAL est en effet un spécialiste des grosses productions américaines où l'action, le spectacle, le fantastique et les effets spéciaux sont à l'honneur. Vous êtes prévenus.

Avec LA CHUTE DU FAUCON NOIR, il récidive donc. Le film est l'exemple type d'un cinéma guerrier qui doit tenir en haleine le spectateur (avant tout américain?) pendant plus de deux heures, au milieu des coups de feu et des explosions (c'est éprouvant), et qui doit faire vibrer chez lui la corde patriotico-sentimentale. Sur fond d'exploits physiques, de fraternité et d'héroïsme.

Le sujet (partant de faits réels) était pourtant intéressant: sous l'égide des Nations Unies et pour tenter d'enrayer une guerre civile qui, en Somalie, a déjà causé la mort de centaines de milliers de personnes, un groupe de Rangers américains doit capturer, à Mogadiscio, les deux lieutenants du chef local insurgé, Mohamed Farran Ayidid. L'opération, parfaitement réglée, doit durer 45 minutes et n'entraîner - du côté américain en tous cas - aucune perte humaine. Ce qui aurait dû être une mission rapide va pourtant déraper et se transformer, ce 3 octobre 1993, en un piège qui se refermera sur les soldats américains: pris pour cibles par les factions armées et par la population, 19 d'entre eux seront tués, tandis que 500 (mais on a dit aussi 1'000) Somalis tomberont sous le feu des Rangers et des troupes envoyées à leur secours. Un véritable fiasco militaire qui eut un grand retentissement aux USA.

Inutile d'évoquer tous les détails: le film se concentre exclusivement sur ce qui se déroule durant ce combat qui dura 16 heures.

Sur le plan du réalisme, en ce qui concerne le jeu des acteurs (qui ont dû suivre un véritable entraînement physique et militaire, comme le dit le dossier de presse et on veut bien le croire) et pour ce qui en est de la mise en condition du spectateur, LA CHUTE DU FAUCONN NOIR a peut-être atteint son but: hélicoptères, camions et blindés, crash(s) et explosions, tout y est. Dans l'impossibilité pour la production d'obtenir des visas pour la Somalie, le film a été tourné au Maroc (environs de Rabat, Sale et au bord de l'Atlantique). La construction des décors (immeubles, quartiers labyrinthiques de Mogadiscio en grandeur nature) et toute la reconstitution des lieux en général ont été réalisées très scrupuleusement.

Reste pourtant l'essentiel: rien n'est dit sur les origines du conflit meurtrier qui a ainsi opposé plusieurs tribus somaliennes, rien n'est dit du rôle joué par le président Siyad Barré, presque rien non plus sur l'opération humanitaire occidentale mandatée par l'ONU, ""Restore Hope"", qui se soldera par un échec et laissera le pays au pouvoir des clans rivaux. Toutes les questions restent sans réponses, comme celle d'un soldat qui se demande ce qu'il fait là, si loin de chez lui: une interrogation qui renvoie pourtant curieusement à la situation d'aujourd'hui et au rôle tenu, en terres étrangères et lointaines, par les soldats américains chargés de maintenir la paix dans le monde...

Un film américain pour les Américains? Un produit finalement assez vain et très semblable à EN TERRITOIRE ENNEMI (CF n. 429), où l'on parle de fraternité dans le combat, mais où l'on cherche vainement un minimum d'explications, ne serait-ce que l'ébauche d'une réflexion historique."

Antoine Rochat