Boléro

Affiche Boléro
Réalisé par Anne Fontaine
Pays de production France
Année 2024
Durée
Musique Bruno Coulais
Genre Biopic
Distributeur Agora
Acteurs Jeanne Balibar, Raphaël Personnaz, Doria Tillier
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 919

Critique

Avec Boléro, Anne Fontaine signe un film fade, qui suit toutes les balises du biopic académique.

Comment naît une œuvre intemporelle? Un air de musique que tout le monde, sinon fredonné, connaît? Comment naît le Boléro de Maurice Ravel? Le Boléro, ça tourne en rond, ça se répète, ça entête. Ceci, on le sait. Mais de quel terreau existentiel provient-il?

À ces questions, le film d’Anne Fontaine n’y répond pas, ou du moins donne les réponses les plus décevantes. Celles imposées par le biopic le plus académique, a fortiori par le biopic qui raconte la vie d’un artiste. Car c’est Amadeus qui est ici convoqué une millième fois, film qui actualisait de manière exemplaire ce trope de l’artiste génial, incompris, en exemption du monde. Mais Anne Fontaine n’est pas Milos Forman…

Amadeus avait ceci de passionnant qu’il moulait cette histoire de génie maudit dans celle de la rivalité entre Mozart et Salieri. Nous étions alors tenus par de véritables enjeux narratifs et affectifs. Dans Boléro, rien ne nous tient. Le film est sans enjeu et n’a pour lui que l’enfilement de scènes psychologisantes et ouateuses.

L’objectif d’Anne Fontaine semble clair: sonder l’intériorité de Ravel. Cinéma spéculatif donc, qui ne peut qu’accoucher sur des banalités psychologiques: oui, Ravel est empêché dans ses relations amoureuses, car son esprit est tout occupé par la musique; oui, il est un traumatisé de la Première Guerre mondiale ainsi que du décès de sa mère en 1917; oui, la musique est pour lui un exutoire. Asséner de tels clichés ne nous fera pas plus facilement les accepter.

Aussi la mise en scène ne parvient-elle pas à se décoller de cette écriture lénifiante. Anne Fontaine choisit de faire figurer le psychisme de Ravel par un flou très fréquent qui annihile l’espace, ou alors par une déformation de cet espace via l’utilisation de très grands angles («fish eye»). Procédés là encore sclérosés, mille fois vus. Vains.

Le jeu d’acteur, quant à lui, est bien trop théâtral pour redonner chair à ce film vaporeux. Raphaël Personnaz compose un Ravel excessivement flegmatique, tandis que Jeanne Balibar, qui joue Ida Rubinstein, fait excessivement du Balibar. Modulations dans la voix, volutes, intonations chantantes, tout y est à des degrés extrêmes. Nous sommes parfois proches du pastiche et c’est peut-être dans ses aspects autoparodiques que nous trouverions les éléments les plus intéressants du film. Ou alors dans sa musique. Car finalement, le meilleur dans Boléro, c’est sans doute le Boléro.

Tobias Sarrasin

Appréciations

Nom Notes
Tobias Sarrasin 8