Dune: Deuxième partie

Affiche Dune: Deuxième partie
Réalisé par Denis Villeneuve
Titre original DUNE : PART TWO
Pays de production États-Unis, Canada
Année 2023
Durée
Musique Hans Zimmer
Genre Science-Fiction, Aventure
Distributeur Warner Bros.
Acteurs Rebecca Ferguson, Zendaya, Timothée Chalamet, Florence Pugh
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 918

Critique

Deuxième volet très attendu de la célèbre saga romanesque américaine, exhibant sobrement ses éclats de blockbuster hollywoodien, Dune: Deuxième partie sait convaincre son public en étouffant l’accueil mitigé de la première partie sortie en 2021.

Quasiment soixante ans après la première publication de l’épopée fantastique en format épisode intitulée Dune World dans les pages d’Analog Science Fiction and Fact Magazine, paru en décembre 1963, le manuscrit de Frank Herbert a su enfin se convertir en franchise efficace. Initialement boudé par les maisons d’édition puis exploité avec plus ou moins de succès par l’industrie sous diverses formes très ou peu concluantes; citons par exemple l’adaptation mal-aimée de David Lynch en 1984, du jeu vidéo version PC Dune II: La Bataille d’Arrakis en 1992 qui a révolutionné le genre du jeu de stratégie ainsi que de la mini-série de trois épisodes réalisée par John Harrison en 2000.

Denis Villeneuve aurait-il réussi à insuffler corps et âme aux prophéties Fremen? Inutile d’être épris de science-fiction pour apprécier les 2 h 46 intelligemment dosé de ce nouvel opus, ou de connaître le complexe lexique «Dunien» pour se laisser happer par la trame tant les choix conceptuels et esthétiques travaillent efficacement sur l’intellect. Rappelons quelques clés de lecture avant de rentrer dans le vif du sujet. Dune se déroule au sein d’une société futuriste, dont l’avènement des voyages intergalactiques ont réinstauré un système économique féodale.

Dans ce paysage politique assez complexe, l’ordre de la galaxie est régi par l’empereur Padishah Shaddam IV (Christopher Walken) partageant son pouvoir avec un parlement appelé Landsraad rassemblant les maisons majeures et mineures de l’univers connu. Parallèlement, le pouvoir exécutif influence également l’unique structure marchande de l’Imperium, la CHOM (Combinat ou Compagnie des Honnêtes Ober Marchands) régulant notamment les échanges commerciaux interplanétaires, ainsi que la circulation de l’épice-mélange, produite sur la planète Arrakis. Convoitée de tous tant pour ses vertus que pour sa rareté, le contrôle de la planète et de surcroît de l’épice, mène inéluctablement à une guerre sans fin entre les populations autochtones, les Fremens, et le Landsraad envoyant stratégiquement divers chefs issus des nobles maisons pour prendre le contrôle de la planète. Dune: Part One relate le périple et la mort du duc Leto Atréides, envoyé sur les terres arides et désertiques d’Arrakis pour en prendre le contrôle, sur ordre du Padishah.

Décriée pour ses incohérences scénaristiques, ses libertés d’adaptations trop éloignées du manuscrit d’origine et son manque de profondeur, tant l’écriture et l’univers du roman regorgent de dimensions complexes, la 1ère partie avait donc laissé la plupart des spécialistes sur leur faim. Il semblerait que Denis Villeneuve ait ajusté sa vision du monument d’Herbert pour offrir un spectacle plus convaincant à ses contemporains. Dans ce volet, le fils et la veuve du duc déchu, Paul Atreides (Timothée Chalamet) et Dame Jessica (Rebecca Ferguson) entreprend une mission politique dans l’optique de manipuler les populations d’Arrakis. En utilisant les croyances locales et la confiance de Stilgar (Javier Barden) figure respectée des Fremens et de Chani (Zendaya), guerrière des sables. Le duo se hisse à la tête d’une faction des Fremens grâce à leurs exploits de bataille. Préparant avec succès une riposte vengeresse contre la maison Harkonnen, dirigé par le cruel Siridar-baron Vladimir Harkonnen (Stellan Skarsgård) qui oppresse sans relâche le territoire du peuple libre.

Dans cette configuration extrêmement glissante, la difficulté réside dans la création d’un dialogue conceptuel entre l’influence politique et la condition «humaine», tout en rendant grâce aux multiples facettes d’un monde fantastique. Le tour de force de cet opus réside dans une dynamique efficace du récit. Exploitant la puissance de la croyance religieuse et du trafic d’influence au détriment du sentimentalisme et du déballage esthétique, il en résulte une production visuelle sobrement élégante, mêlant froideur, brutaliste et aspiration low-tech, élaguant le risque du «surfait» hollywoodien. Malgré un casting très star-système qui présente le couple Zendaya-Chalamet minaudant quelque peu leurs rôles respectifs de rebelle et du prophète Muad’Dib et sapant avec modération la crédibilité des personnages, l’incarnation générale est cependant rehaussée par les autres titans de l’affiche, modérant avec justesse l’aura de cette superproduction exceptionnelle.

Emilie Fradella

Appréciations

Nom Notes
Emilie Fradella 15