Indiana Jones et le Cadran de la Destinée

Affiche Indiana Jones et le Cadran de la Destinée
Réalisé par James Mangold
Titre original Indiana Jones and The Dial of Destiny
Pays de production USA
Année 2023
Durée
Musique John Williams
Genre Action, Aventure
Distributeur Disney
Acteurs Antonio Banderas, Harrison Ford, Mads Mikkelsen, Phoebe Waller-Bridge
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 903

Critique

Il est difficile, sinon impossible, de ne pas comparer ce 5ème Indiana Jones aux précédents. En fait, cette référence permanente aux films passés, et au passé tout court, est au cœur du propos du Cadran de la Destinée, qui d’une part n’a pas d’autre raison d’être que de servir de conclusion à la série, et d’autre part plagie sans vergogne les opus antérieurs. Malgré cela, ce bouquet final est porté par d’excellents effets visuels, sous la houlette du très bon artisan James Mangold, qui s’était déjà illustré dans l’enterrement en grande pompe de héros fatigué (Logan).


1969 : l’homme marche sur la lune et le professeur Jones (Harrison Ford) prend sa retraite. Mais c’était sans compter l’irruption de sa filleule Helena Shaw (Phoebe Waller-Bridge) qui lui subtilise le fameux cadran d'Archimède, une relique qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. Et donc Indiana se retrouve à chasser des trésors en combattant des méchants cabotins – comme dans tous les précédents opus.


Ainsi Le Cadran de la destinée « emprunte » ad nauseam aux quatre premiers films : la relation entre Helena Shaw et le jeune Teddy fait écho à celle d’Indy/Demi-Lune dans le Temple maudit ; les lettres du père de Shaw au carnet du Dr Jones Sr de La Dernière Croisade ; sans parler de l’obsession nazie qui nous ramène évidemment aux Aventuriers de l’Arche perdue... Tous ces recyclages n’échapperont pas aux spectateurs et critiques les plus avertis du film – parmi lesquels, nul autre que le compositeur ! Le Cadran de la Destinée est doté, avant même sa sortie en DVD et Blu-ray, d’un commentaire audio du début à la fin : la musique de John Williams.


Contributeur de la première heure à la saga, le vétéran de 90 ans a, pour cet ultime film, généralisé ce qu’il s’était rarement permis jusqu’alors : l’autocitation. Mais il le fait à bon escient, car il calque les thèmes et motifs musicaux composés pour les films antérieurs sur les scènes et séquences que Le Cadran de la Destinée « relit », voire photocopie. L’exercice est particulièrement patent durant la (longue) séquence d’ouverture où Ford est rajeuni par CGI, et qui ressemble à des montagnes russes reprenant les grands moments d’action des Aventuriers de l’Arche perdue et de La Dernière Croisade : héros déguisé en officier allemand, courses-poursuites en side-car, sur le toit d’un train, pluie de poings avec un nazi…


Cet enchaînement de scènes d’action est ponctué sous la baguette de John Williams par les notes qui accompagnaient les séquences originales, avec une ironie qui semble nous dire, malicieusement : je ne suis pas dupe. Ce n’est pas fortuit si le seul thème original qu’il a créé pour l’occasion est le leitmotiv de Helena, unique élément du scénario faisant un peu preuve de nouveauté, et d’une écriture plus recherchée.


Emmené par des professionnels consciencieux, ce produit est plutôt dans le haut du panier des productions Disney actuelles, mais ne ressemble qu’à du fan service dûment accompli, sans âme. La seule vraie qualité de ce cinquième Indiana Jones est de nous faire réévaluer le quatrième, lequel, tout maladroit et même grotesque qu’il était par moments, avait encore la spontanéité et la sincérité de ses créateurs. Car il manque les fulgurances esthétiques de Spielberg et l’humour parfois limite de Lucas, pour faire de cet adieu un « vrai Indiana Jones ». Mangold lui-même en a conscience, et l’admet dès l’introduction : fait inédit dans la série, le MacGuffin du début (la lance de Longin, écho du Graal de La Dernière Croisade) se révèle être un faux. Le fait est explicitement appuyé par un Ford artificiellement rajeuni, qui observe que cette antiquité est la seule à ne pas être authentique parmi toutes les autres : ce début d’intrigue n’est jamais dénoué, comme si Mangold assumait d’être l’artisan d’une contrefaçon, en nous livrant ce film qui a le goût et la couleur d’un Indiana Jones, mais n’en a pas la saveur.

Invité.e

Appréciations

Nom Notes
Invité.e 12
Blaise Petitpierre 13
Pierig Leray 10