Uncharted

Affiche Uncharted
Réalisé par Ruben Fleischer
Titre original Uncharted
Pays de production U.S.A.
Année 2022
Durée
Musique Ramin Djawadi
Genre Aventure, Action
Distributeur Sony
Acteurs Antonio Banderas, Mark Wahlberg, Tom Holland, Sophia Taylor Ali, Alana Boden, Tati Gabrielle
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 873

Critique

Cette saga vidéoludique largement héritière du cinéma d’aventure, débarque finalement dans les salles après une production éminemment chaotique.

Très grossièrement, il existe deux grandes tendances pour aborder ce type de propositions: soit l’on se limite à les considérer comme de pures émanations d’un système hollywoodien en panne d’inspiration artistique, qui puise toujours davantage dans des univers déjà existants pour satisfaire ses impératifs économiques - pensons canoniquement à la continuation de grandes sagas qu’on n’hésite pas à essorer jusqu’à leur totale dévitalisation, Scream, Ghostbuster, Star Wars, Halloween, parmi tellement d’autres franchises - au risque alors de substituer à la critique du film celle d’un système de production. Soit, de l’autre côté, l’on décide de traiter le long métrage comme un objet hors-sol, déconnecté des causes matérielles qui permettent sans doute d’expliquer, sinon de justifier, son existence, et qui serait potentiellement réductible à sa dimension esthétique. Entre ces deux gestes a priori inconciliables, tentons la voie intermédiaire en posant notamment la question de manière frontale: Uncharted est certes un énième blockbuster américain mais, avant toute chose, est-il un bon film?

Le nom du réalisateur, tout d’abord, inquiète, mais signale surtout aux spectateurs qu’ils seront certainement en présence d’un long métrage dénué de véritables intentions créatives: Ruben Fleischer, cinéaste habitué des grosses productions, était déjà aux commandes de l’inutile Retour à Zombieland, du désastreux Venom ou encore de l’épouvantable Gangster Squad. L’appréhension est donc de mise. Avant de se confirmer partiellement par une écriture attendue et programmatique, accumulant volontiers les tunnels de dialogue et réduisant ses personnages à des entités abstraites, sans histoire ni véritable travail de caractérisation. Repensée par ailleurs à l’aune de sa nature de blockbuster et pour plaire au plus grand nombre, l’écriture de Uncharted fait sciemment l’économie de traits les plus sombres de la saga: de Nate, ce chasseur de trésors aux penchants cupides et meurtriers, ne subsiste qu’une figure juvénile (le choix de Tom Holland est en cela questionnable, sinon contestable) dont on ne sauvegarde que la verve et la maladresse burlesque. Les nombreux pillages aux quatre coins du monde se réduisent ici à l’achèvement d’une quête exclusive, minimisant ainsi la réflexion coloniale contenue dans le matériau initial. En découle un film fallacieux, mieux, adouci, dont l’innocence globale infléchit la violence intrinsèque de la série, tout en évacuant savamment les enjeux moraux que l’œuvre de Naughty Dog - nom des studios qui sont à l’origine des jeux vidéo Uncharted - contient puissamment.

On pourra toujours me rétorquer, à raison, la fidélité avec laquelle le film s’efforce de reproduire quelques scènes marquantes des différents opus. La première scène, où Nate s’accroche à la cargaison d’un avion en plein vol, rappelle évidemment l’iconique ouverture de Uncharted 2: Among Thieves, tout en recyclant l’imagerie spectaculaire de Uncharted 3. Mais il n’en demeure pas moins que la reconduction de certaines parties d’un tout homogène ne suffit guère pour en retranscrire le charme. On pourrait encore gloser (là aussi, à raison) sur quelques scènes d’action réussies et stimulantes, sur la fluidité et la lisibilité de poursuites efficaces, sur la politesse de la proposition qui mise sur un rythme particulièrement resserré en comparaison à ses concurrents directs. On pourrait enfin débattre et pourquoi pas souligner la générosité avec laquelle les acteurs (Tom Holland et Mark Wahlberg notamment) tentent de donner corps à la maigreur de leurs personnages. Mais malgré toutes ces concessions, il nous est difficile de conclure autrement qu’avec ce constat déceptif: le film de Fleischer contient moins d’ambition cinématographique que les jeux qu’il prétend adapter.


Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 9