Police

Affiche Police
Réalisé par Anne Fontaine
Titre original Police
Pays de production FRANCE
Année 2020
Durée
Genre Drame policier
Distributeur Frenetic
Acteurs Omar Sy, Virginie Efira, Grégory Gadebois
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 838

Critique

Dans son quotidien déjà difficile, la police doit parfois affronter des cas de conscience insolubles. C’est le propos intéressant de ce film, mais il est trop souvent oublié au profit de préoccupations anecdotiques.

Touchée par «la trajectoire singulièrement humaine des personnages», Anne Fontaine a adapté au cinéma le roman d’Hugo Boris (Grasset, 2016). Elle met en scène trois policiers, Erik (Grégory Gadebois), Aristide (Omar Sy) et Virginie (Virginie Efira) en les présentant l’un après l’autre dans la triste actualité de leur vie privée. Pour Virginie, c’est une vie de couple délicate et la perspective d’un avortement. Aristide craint pour la santé de sa grand-mère, sa dernière famille. Quant à Erik, sa vie conjugale se partage entre colère et déchirement. Les trois rejoignent leur travail avec ce cortège de tourments qui les rend amers. Ce soir-là, ils se portent volontaires pour conduire un réfugié tadjik à l’aéroport et s’interrogent de plus en plus vivement à son sujet.

     Qu’aurais-je fait à leur place?, se demande la réalisatrice française, comptant sur le public pour partager cette question. Et celui-ci se la pose en effet, c’est tout l’intérêt du film: pourquoi cet étranger dont personne ne comprend la langue est-il venu en France, que souhaite-t-il, a-t-il dit la vérité aux services d’accueil? Que faire de lui, lui donner une chance ou obéir aux ordres? S’esquisse la notion de désobéissance civile. Or, il faut avoir l’esprit clair pour tenter, sinon d’obtenir des certitudes, au moins de choisir la meilleure réponse.

     Défaut du film ou défaut du roman que la réalisatrice n’aura pas su gommer, le dilemme est affaibli par l’humeur sombre des intéressés. Leurs préoccupations existentielles parasitent leur réflexion. Dans la vie réelle, les services de police sont surchargés par les troubles sécuritaires, les agressions verbales, la délinquance routinière, la fatigue... La situation est connue. Il n’était pas nécessaire de diluer le film en l’allongeant par des séquences consacrées aux soucis privés. Lesquels, d’ailleurs, débordent sur le transfert du Tadjik. Erik, par exemple, est constamment en relation téléphonique avec sa femme.

     Ainsi malgré son titre, malgré le métier de ses protagonistes, Police se présente-t-il davantage comme une addition de drames personnels que comme un film policier, ni l’un ni l’autre des deux genres n’étant véritablement exploité. Reste à savoir comment agir avec le réfugié tadjik et sur ce plan, même trop légèrement traité, le sujet a le mérite d’être exposé. Aux spectateurs d’utiliser les non-dits bienvenus du film pour y réfléchir.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 12
Georges Blanc 12