Une Sirène à Paris

Affiche Une Sirène à Paris
Réalisé par Mathias Malzieu
Titre original Une Sirène à Paris
Pays de production France
Année 2019
Durée
Musique Mathias Malzieu
Genre Fantastique, Drame
Distributeur Ascot Elite
Acteurs Tchéky Karyo, Rossy de Palma, Romane Bohringer, Nicolas Duvauchelle, Marilyn Lima, Alexis Michalik
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 836
Bande annonce (Allociné)

Critique

En imaginant la rencontre entre un «crooner de salle de bains» et une sirène mortellement belle, Mathias Malzieu infuse Paris d’un merveilleux qui le rend méconnaissable. Il n’en fallait pas plus, pas moins, pour cette histoire impossible d’un amour à rebours.

Depuis quand une production française avait osé s’aventurer dans le conte, si loin et si bien? A la réflexion, seul L’Ecume des jours (Michel Gondry, 2013) ressurgit à la mémoire - et encore, de façon oubliable. Pourtant, voici bien longtemps que Mathias Malzieu tisse dans son coin un univers fantastique mais surtout poétique, composé de musique (notamment avec le groupe Dionysos) et de littérature (ses films sont d’abord des livres), d'une petite apparition dans un biopic (Gainsbourg [vie héroïque], de Joann Sfar) et d'un premier long métrage animé (Jack et la mécanique du cœur, 2014). Le pouvoir de l’imagination, celui - plus grand encore - de l’amour, une nostalgie douce pour un passé toujours coloré: autant de touches que l’on retrouve dans Une sirène à Paris, porté à bout de cœur par son réalisateur-auteur-compositeur.

Mais que nous raconte-t-il donc? Un chanteur (Nicolas Duvauchelle), immunisé à l’amour à force de l’avoir traversé, une péniche-bar sur les bords d’une Seine pavés d’or - le «Flower-Burger» - où règne le goût de la fantaisie, du spectacle et du panache, une voisine fantasque (Rossy de Palma) et quelque peu entremetteuse. Et puis, un soir, une sirène inconsciente au bord de l’eau (Marilyn Lima), qui pour la première fois voit ses pouvoirs de séduction impuissants à faire exploser le cœur de cet homme, qui l’a recueillie dans sa baignoire pour la soigner.

En même temps, présenter cela c’est ne pas dire grand-chose, tant le film repose sur une atmosphère onirique, des décors où chaque détail compte; par exemple pour évoquer tout le passé associé au «Flower-Burger» et dans lequel le protagoniste masculin se réfugie, auprès d’un chat et d’une multitude d’objets qui ont tous le pouvoir de réveiller un souvenir. Paris de nuit, son aquarium (pour l’une des plus belles scènes du film), un appartement-théâtre et un théâtre, scène de l’histoire intime et générale, un tuk-tuk aux breloques qui sonnent dans le vent. Tout ça porté par les compositions éthérées, flamboyantes ou douces de Malzieu.

A ce stade, il pourrait être grand temps de crier au kitsch, tant du côté du film que de sa critique. Sans pouvoir juger honnêtement de la seconde, il est certain qu’Une sirène à Paris sait s’en jouer, ne reculant aucunement devant son sujet, ni la manière de le traiter. Cet engagement total, qui semble porter toute l’équipe, jusque dans les dernières lignes du générique de fin, s’adresse de fait à ceux qui souhaitent rêver sans limite - ni honte. Car s’il s’agit bien pour notre héros désenchanté d’apprendre à avancer, ce n’est pas pour oublier le merveilleux au profit de la «vraie vie» et d’un âge adulte illusoire, mais pour continuer à écrire le conte. «…», concluait Duras dans Le Marin de Gibraltar (le large, encore et toujours): peut-être que toute histoire doit être vécue avant d’être racontée.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 15