Réalisé par | Ralph Fiennes |
Titre original | The White Crow |
Pays de production | Grande-Bretagne, France, Serbie |
Année | 2018 |
Durée | |
Musique | Ilan Eshkeri |
Genre | Biopic, Drame |
Distributeur | Praesens-Film |
Acteurs | Ralph Fiennes, Chulpan Khamatova, Adèle Exarchopoulos, Raphaël Personnaz, Oleg Ivenko, Aleksey Morozov |
Age légal | 8 ans |
Age suggéré | 12 ans |
N° cinéfeuilles | 815 |
En 1961, la compagnie du ballet Kirov de Saint-Pétersbourg débarque à Paris pour une tournée occidentale, malgré la guerre froide qui fait rage. En ses rangs, le tout jeune prodige Rudolf Noureev (Oleg Ivenko) se lie d’amitié avec Clara Saint (Adèle Exarchopoulos) et Pierre Lacotte (Raphaël Personnaz), deux figures du monde culturel parisien. Séduit par la liberté et l’ouverture occidentale mais tiraillé par son attachement à sa famille et ses racines en URSS, le phénoménal danseur va opérer un choix douloureux mais nécessaire pour écrire la légende qu’il deviendra.
«La technique n’est pas une fin en soi, c’est ce qu’on veut raconter qui fait l’essence de l’art», disait le professeur de danse Alexander Pushkin (interprété par Ralph Fiennes lui-même dans le film). Avec ce troisième film en tant que réalisateur, le populaire comédien britannique s’attaque à la figure la plus marquante de la danse contemporaine. Noureev a tout du héros cinématographique: charisme, génie, mégalomanie, audace, et c’est aussi une figure révolutionnaire tant dans son art de pratiquer la danse que par rapport au régime politique qui l’a formé. On comprend donc pourquoi Ralph Fiennes a eu envie de porter à l’écran ce personnage extravagant, fascinant et terriblement attachant. Au-delà de cet individu magnétique, on perçoit également l’envie débordante de dépeindre un contexte complexe: les perceptions réciproques des blocs Est et Ouest y sont représentées avec subtilité et sans manichéisme. Par exemple, l’utilisation des langages est scrupuleusement respectée, les deux tiers du film étant parlés en russe et le reste en français et en anglais.
Pour un film de fiction traitant d’un personnage réel encore ancré dans l’imaginaire collectif, le risque est de tomber dans le style «documentaire grimé». On y verrait des acteurs lourdement maquillés mimant leurs modèles historiques afin d’enjoliver ce que les biographies, coupures de presse et autres documentaires ont pu déjà narrer à propos de cette personne - suivez mon regard vers La Môme ou encore récemment Bohemian Rhapsody. Ralph Fiennes évite cet écueil en s’accordant le dramaturge David Hare au scénario, qui a la bonne idée d’ancrer le film autour de ce séjour à Paris, crucial pour la suite de la carrière de Noureev. Cet épisode tenant plus du thriller d’espionnage que de la biographie filmée apporte un souffle bienvenu dans la routine souvent paresseuse des biopics.
Dès lors, il est presque dommage que le réalisateur se sente obligé de parsemer le récit de flash-back se déroulant sur deux temporalités: l’enfance de Noureev à Oufa pour illustrer son passif familial et sa formation à Saint-Pétersbourg pour cerner la complexité de son caractère. Si ces flash-back s’articulent fluidement avec le scénario, formellement c’est plus compliqué. En effet, pour que le spectateur ne se perde pas, chaque époque a son style et sa colorimétrie propre. Il y a donc trois «films dans le film» entre lesquels le réalisateur essaie de rebondir et virevolter tel son personnage principal, mais l’ensemble manque de cohésion, freinant ainsi l’implication du spectateur. La folle audace de Noureev n’est pas encore celle de Ralph Fiennes.
Blaise Petitpierre
Nom | Notes |
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Blaise Petitpierre | 14 |