1818 - La débâcle du Giétro

Affiche 1818 - La débâcle du Giétro
Réalisé par Christian Berrut
Pays de production Suisse
Année 2018
Durée
Musique Guy-François Leuenberger
Genre Docu-Fiction
Distributeur Aardvark Film Emporium
Acteurs Diego Valsecchi, Jean-Emile Fellay, Baptiste Morisod
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 809

Critique

Faire du documentaire en Suisse n’est décidément pas affaire facile. Tiraillés entre l’envie de passer en salles et d’obtenir la garantie d’une diffusion à la télévision si cela ne devait pas se faire, nombre de réalisateurs confèrent à leurs films une double nature en choisissant le genre hybride du docu-fiction. L’année 2018 avait notamment vu les sorties consécutives de Jusqu’au bout des rêves (CF n. 785) et Yvette Z’Graggen - Une femme au volant de sa vie (CF n. 789), qui recourent à ce même format.

L’idée est de mêler certains codes traditionnels du documentaire (interviews de spécialistes ou de témoins, documents d’archives, prises de vue actuelles agrémentant le tout) à quelques scènes rejouées par des comédiens et comédiennes. Si cela se trouve extrêmement souvent dans les reportages télévisuels, il était jusqu’alors plus rare de voir de telles productions arriver au cinéma. 1818 - La débâcle du Giétro tend à montrer les limites de ce procédé.

Christian Berrut, le réalisateur, revient sur un événement qui a profondément marqué le val de Bagnes, au XIXe siècle. Alors que l’Europe connaît une vague de froid sans précédent, le glacier grandissant du Giétro bloque peu à peu le cours de la Dranse, formant ainsi un lac. Au printemps, la barrière de glace menace toutefois de céder et la commune de Martigny fait alors appel à un ingénieur, Ignace Venetz, pour tenter d’éviter le pire, qui se produira quand même, les flots envahissant la vallée le 6 juin 1818.

Des comédiens incarnent donc les protagonistes de l’époque à travers un nombre de scènes rejouées, auxquelles répondent les propos de spécialistes d’aujourd’hui qui se penchent sur l’événement. Cette reconstitution, malheureusement pauvrement interprétée, crée davantage le malaise que l’investissement du spectateur. Sans cela, le film aurait pu être le portrait touchant d’une région et de figures courageuses.

Le film lui-même indique d’autres pistes possibles : la seule séquence du passé à ne pas être reconstituée en prises de vue réelles est celle de la catastrophe, faite par animation. Voir les paysages dessinés recouverts par une masse sombre fait beaucoup plus d’effet que tout le reste du film. Plus banal mais non moins intéressant, le recours aux sources écrites laisse deviner le travail conséquent de l’historien, pour qui il est nécessaire de se pencher sur correspondances, comptes et autres publications de l’époque afin de pouvoir restituer les faits. Comme quoi, les moyens classiques sont parfois les plus efficaces! On regrette donc ce choix de mêler les genres, qui affaiblit considérablement la portée de 1818 - La débâcle du Giétro, surtout sa réflexion sur les changements climatiques et l’importance de les prendre en considération.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 9