Mary et Max

Affiche Mary et Max
Réalisé par Adam Elliot
Pays de production Australie
Année 2009
Durée
Musique Dale Cornelius
Genre Animation, Comédie, Drame
Distributeur Gaumont Distribution
Acteurs Philip Seymour Hoffman, Toni Collette, Eric Bana, Barry Humphries, Bethany Whitmore
N° cinéfeuilles 599
Bande annonce (Allociné)

Critique

On le sait, les réalisateurs australiens réservent souvent d’excellentes surprises. C’est le cas d’Adam Elliot, né en 1972 dans un environnement singulier (père clown acrobate puis quincaillier, mère coiffeuse, deux frères et deux perruches, Sonny et Cher...) Il s’est spécialisé dans le film d’animation, et son film HARVIE KRUMPET a été couronné en 2006 par le Festival d’Annecy. Il est en outre parrain officiel du «Other Film Festival», seul festival australien du film sur le handicap.

Rien d’étonnant donc à ce que MARY ET MAX fasse entrer le spectateur dans un monde insolite. La seule énumération des personnages l’atteste: à Melbourne, Mary Daisy Dinkle, la narratrice, a huit ans, trois mois et neuf jours, ses yeux sont comme de l’eau boueuse et elle a une tache de naissance couleur caca; son père, ouvrier fixant un bout de fil à des sachets de thé (ce qui fait rêver sa fille d’un mariage avec l’Earl Grey...), empaille des oiseaux ramassés au bord de la route; sa mère cuisine au sherry qu’elle boit abondamment comme un «thé pour grandes personnes». A New York, Max Jerry Horovitz, juif d’un quintal et demi souffrant du syndrome d’Asperger (celui dont est atteinte la Lisbeth Salander de MILLENIUM), cherche un correspondant épistolaire tout en consultant le Dr Hazelhoff, psychiatre caricatural qui a introduit le cube de Rubik aux Etats-Unis et en fréquentant les réunions des Hyperphages anonymes; son chat souffre de mauvaise haleine et mange les poissons rouges qui se succèdent dans le bocal de Max...

Tout ce petit monde en pâte à modeler évolue dans des décors sépia ou noir et blanc, et le hasard fait que les destinées de Mary et de Max se croisent. Le film relate leurs échanges épistolaires et leur drôle de vie quotidienne. C’est un peu glauque et empreint d’un humour noir foncé, et n’est pas sans évoquer RAIN MAN en plus sombre. Aux antipodes de la joliesse de LA-HAUT et de la fantaisie débridée des SHREK, MAX ET MARY n’appelle pas moins avec une certaine tendresse à donner sa place à l’autre, quelle que soit sa différence. Même si le film peut faire penser à CHICKEN RUN en grunge, cette réflexion dérangeante sur le handicap n’est pas prioritairement destinée à un jeune public.

Daniel Grivel