Inglourious Basterds

Affiche Inglourious Basterds
Réalisé par Quentin Tarantino
Pays de production U.S.A., Allemagne
Année 2009
Durée
Musique Ennio Morricone
Genre Guerre
Distributeur Universal Pictures International France
Acteurs Brad Pitt, Mélanie Laurent, Eli Roth, Michael Fassbender, Christoph Waltz
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 592
Bande annonce (Allociné)

Critique

Bâtards sans gloire, voilà le sens du titre du film, orthographié de manière à rendre l’accent allemand, pour désigner un commando spécial de soldats juifs étasuniens décidés à terroriser les nazis, le chef demandant à chacun de rapporter au moins cent scalps... La danse du scalp a accompagné la montée des marches de Brad Pitt et les «ciclées» de ses admiratrices portaient loin à la ronde... Au-delà de l’anecdote, Tarantino, avec le talent qu’on lui connaît, a rendu un (trop) long hommage parodique en cinq chapitres au western et au film de guerre, avec clins d’œil au Dictateur de Chaplin et un pastiche ridiculisant les films de propagande nazie. Distribution internationale éblouissante, chacun(e) parlant dans sa langue. Le goût du réalisateur pour les effets gore a pour conséquence qu’on est loin de la finesse d’un Lubitsch - mais le plaisir qu’a visiblement Christoph Waltz à jouer le rôle d’un colonel nazi quadrilingue au sadisme raffiné valait largement le Prix d’interprétation masculine, dont acte.

Daniel Grivel


Le dernier film de Tarantino ne fera pas l’unanimité. Le fan-club du cinéaste américain appréciera cette fable décalée, ce jeu de miroirs cinématographiques, ce goût exacerbé des détails, cette fascination fréquente de la violence. Les autres - et nous en faisons partie - n’y verront qu’un exercice de style destiné à un public international (jetez un coup d’œil sur le casting!) et ressemblant aux exercices précédents.

Dans cette histoire censée se dérouler pendant la Deuxième Guerre mondiale, le scénario mêle très vite réalisme et imaginaire, les dialogues contribuant à mettre hors jeu toute tentative de réflexion, d’ordre historique en particulier.

Durant les premières années de l’occupation allemande en France, Shosanna Dreyfus (Mélanie Laurent) assiste au massacre de toute sa famille tombée aux mains du colonel nazi Hans Landa (remarquable Christoph Waltz, Prix d’interprétation à Cannes). La jeune fille réussit à s’échapper et gagne Paris où elle se construira une nouvelle identité comme propriétaire d’une salle de cinéma. Ailleurs en Europe, l’officier Aldo Raine (Brad Pitt) recrute une dizaine de soldats juifs américains avec lesquels il va mener des expéditions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis. Il s’agit d’en trucider le plus possible. Ces «bâtards» - nom sous lequel les nazis vont apprendre à les connaître - rejoignent d’autres résistants, dont l’actrice allemande Bridget von Hammersmack (Diane Kruger), pour tenter d’éliminer les dirigeants du Troisième Reich. Tous ces destins, toutes ces trajectoires existentielles vont se croiser à l’entrée du cinéma où Shosanna a mis au point une vengeance très personnelle.

Le récit s’articule en cinq chapitres et Tarantino a un indéniable sens du cinéma. Mais il s’agit aussi d’un cinéma de l’esbroufe. Quoi de plus vain en effet que cette reconstitution souvent farfelue de l’Histoire (Tarantino essaie de la réaménager), de cette conspiration qui aurait abouti à la liquidation de Hitler, Goebbels, Goering, Bormann et consorts? Si les personnages sont bien campés et les comédiens au top niveau, si les décors et les costumes sont bien choisis et la mise en scène parfaitement maîtrisée, aucun «petit plus» ne vient améliorer l’ordinaire de cette longue histoire qui donne l’impression de se satisfaire complaisamment d’elle-même. Tarantino cherche à impressionner, il dissèque la violence, étire les dialogues, change de ton à l’envi, cabotine ici ou là, rend hommage à certains films, en parodie d’autres, mêle l’humour au tragique jusqu’à satiété. Surgit alors une forme d’ennui, de fatigue visuelle, un sentiment de déjà-vu, comme si le cinéaste voulait simplement remettre une copie conforme, éviter toute nouveauté. Comme s’il ne souhaitait pas prendre de risque.

Tarantino semble s’amuser tout seul, et son film s’enroule dans l’imaginaire hollywoodien. Etait-ce là l’objectif recherché?

Antoine Rochat

Antoine Rochat