Da Vinci Code

Affiche Da Vinci Code
Réalisé par Ron Howard
Titre original Da Vinci Code
Pays de production U.S.A.
Année 2006
Durée
Musique Hans Zimmer
Genre Thriller
Distributeur Gaumont Columbia Tristar Films
Acteurs Tom Hanks, Audrey Tautou, Ian McKellen, Jean Reno, Alfred Molina
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 525
Bande annonce (Allociné)

Critique

Difficile d'adapter un roman qui a tant fait parler de lui. Parfois la fidélité à la lettre n'entraîne pas celle de l'esprit, la traduction devient alors trahison. Si le Louvre et les œuvres du Maître de Vinci gardent leur mystère, en va-t-il de même pour les énigmes lorsqu'elles s'emboîtent trop aisément à la façon des poupées russes? Une chose est sûre: estimer que ce film est nocif pour la foi revient à lui accorder une importance qu'en aucun cas il ne mérite.

Le conservateur du Louvre, qui a rendez-vous avec Robert Langdon (Tom Hanks), un spécialiste venu de Harvard, est retrouvé mort aux pieds de la Joconde... La victime, membre important d'une société secrète aurait, peu de temps avant sa mort, dissimulé des indices que seuls sa petite fille, Sophie Neveu (Audrey Tautou), et le spécialiste des symboles peuvent décrypter. Le problème est que tous deux deviennent rapidement les principaux suspects... Ainsi commence ce film qui suit de très près le best-seller de Dan Brown, mais qui, force est de le constater, ne soulève pas avec la même efficacité que le livre les questions touchant la théologie et l'histoire de l'Eglise qui suscitent actuellement tant de débats.

En effet au cœur de l'intrigue, qui mêle astucieusement éléments d'histoire et de fiction, sont abordées les questions de l'humanité ou de la divinité de Jésus, et de sa descendance spirituelle ou biologique. Quelle valeur accorder aux récits des évangiles apocryphes évoquant la grande proximité de Jésus d'avec Marie-Madeleine? Serait-elle vraiment l'un des personnages représentés sur le célèbre tableau ""La cène"" de Léonard de Vinci et aurait-elle été la compagne de Jésus? Aurait-elle eu une fille à l'origine d'une longue descendance jusqu'à...? Le fameux mythe du saint Graal repose-t-il sur de solides éléments et concernait-il vraiment une coupe ou....? Quel rôle l'Opus Dei a-t-il joué, joue-t-il encore pour permettre à l'Eglise catholique romaine de conserver son pouvoir? Et si Jésus avait quelque descendant aujourd'hui, son annonce conduirait-elle à détruire la foi ou au contraire à la renouveler radicalement? Les questions s'enchaînent et s'appellent les unes les autres, en accordant toutes à la recherche historique un poids énorme. Mais la confiance en Dieu se fonde-t-elle sur l'histoire? Et, finalement, comment se transmet-elle?

Ron Howard, qui tourna en 2005 De l'ombre à la lumière, livre hélas ici un film véritablement sans émotion. La peur n'est pas au rendez-vous car l'identité du tueur est bien trop vite révélée, le rôle de Sophie Neveu ne prend guère d'épaisseur au fil des scènes, au point qu'Audrey Tautou paraît ne pas comprendre l'enjeu dont elle est finalement l'objet, alors que Tom Hanks, sympathiquement, maîtrise bien trop la situation. Restent heureusement les seconds rôles interprétés par Jean Reno, déchiré entre son attachement religieux et son devoir de policier, et Ian McKellen dont le visage inquiétant inspire bien des sentiments contradictoires.

On retiendra néanmoins la beauté du Louvre et le mystère planant autour des œuvres de Vinci, le travail sur les éclairages et les ambiances. Mais le lecteur était en droit d'attendre davantage qu'une illustration fidèle et scolaire et le non-lecteur (pour qu'il ne perde pas le fil) plus qu'un film où trop d'explications sont données. Aussi, gardons la dernière image où Tom Hanks revient de nuit vers la pyramide de verre à l'entrée du Louvre: somptueuse et suggestive, symbolique et empreinte de mystère, magique, elle se présente comme ce que l'on aurait rêvé que cette réalisation soit de bout en bout. Dommage. Ironie du sort, présenté comme un thriller théologique, ce film est en définitive très protestant puisqu'il convainc son spectateur que le texte est à privilégier par rapport à l'image.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 11
Georges Blanc 12
Daniel Grivel 10
Geneviève Praplan 9
Anne-Béatrice Schwab 9