May December

Affiche May December
Réalisé par Todd Haynes
Pays de production États-Unis
Année 2023
Durée
Genre Comédie romantique
Distributeur Ascot Elite
Acteurs Julianne Moore, Natalie Portman, Charles Melton, Chris Tenzis
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 914

Critique

Est-ce que Netflix jette un sort sur les réalisateurs? C’est ce qu’on aurait envie de croire devant le dernier film de Todd Haynes (I’m Not There, Carol, Dark Waters) qui est une effroyable minauderie.

May December est une histoire d’amour entre Gracie (Julianne Moore) et Joe Yoo (Charles Melton) qui a été au centre de l’attention médiatique à ses débuts en raison d’une différence d’âge inhabituelle que l’on ne révélera pas ici (pour éviter que notre critique ressemble aux tabloïds décrits dans le film qui en ont fait leur scoop - et aussi, pour laisser un peu de suspense). Le film est surtout un film à propos d’un autre film (mise en abyme), celui qui doit être tourné à propos de cette histoire d’amour et où, Gracie, sera jouée par l’actrice Elizabeth (Natalie Portman), laquelle vit quelques semaines avec le couple pour s’imprégner de son rôle. C’est donc grâce à elle, à la sorte d’enquête qu’elle mène, que nous découvrons progressivement la genèse de cette histoire, les vagues qu’elle a suscitée, etc. - et éventuellement la possibilité de la «représenter».

Bref. Le dispositif, faussement intello, s’avère un peu grossier: au mieux, on est mal à l’aise face au voyeurisme d'Elizabeth (et à ceux qui l’emploient); et, c’est sans doute le but de ce film que de nous faire réfléchir sur la possibilité de mettre à l’écran une aventure amoureuse consentie, qui, légalement, ne peut être qualifiée autrement que de pédophilie. Mais au pire, on est mal à l’aise face au film lui-même, qui par conséquent, bien qu’étant fictionnel, se contamine lui-même: le malaise se transférant du film dans le film, au film tout court, souvent lourd. On serait donc bien charitable en mettant en avant sa réflexivité car celle-ci ne décolle pas, sinon dans le graveleux. L’exemple d'Elizabeth invitée au cours de théâtre du collègue municipal, qui décrit ce que cela fait de jouer des scènes de sexe à des adolescents hilares (devant la fille de Grace au passage), avant de coucher elle-même - pour de vrai ou pour de faux se demandera-t-on pour faire les bons élèves? - avec Joe Yoo (toujours pour se mettre littéralement «dans la peau» de son personnage) est particulièrement gênant. Mais peut-être que pour des habitués de Netflix - car Netflix produit ce chef d’œuvre - le concept de la mise en abyme représente le summum de l’expression artistique. En tout cas, nous aurons pour notre part, vite oublié ce film, dont la photographie granuleuse (la rime avec graveleuse est voulue) est peut-être stylistique (sans doute en référence au mauvais papier des tabloïds, ou alors on laissera à nos lecteurs le soin de nous expliquer).

Un mot tout de même pour Natalie Portman qui est décidément très douée (notamment lorsqu’elle imite Julianne Moore). Un mot aussi pour Joe Yoo (Charles Melton) qui est quand même bien martyrisé dans cette histoire et comporte une réelle profondeur de caractère (au sens propre car elle insondable; quoi qu’on en dise d’un point de vue moral qui serait «déconstruit», les perspectives narrative et cinématographique qui lui sont dévolues sont claires: c’est une victime). Un mot finalement pour Julianne Moore qui incarne parfaitement la névrose américaine.


Jonas Pont

Appréciations

Nom Notes
Jonas Pont 5
Marvin Ancian 11
Amandine Gachnang 12
Pierig Leray 16
Blaise Petitpierre 13
Sabrina Schwob 15