Et plus si affinités

Remake d’un film espagnol intitulé Sentimental, lui-même adapté d’une pièce de théâtre, Et plus si affinités a - comme l’indique son affiche - enflammé le Festival de l’Alpe d’Huez. Ce qui ne nous a pas empêchés de rester de glace.

Xavier (Bernard Campan) et Sophie (Isabelle Carré) partagent vingt-cinq ans de vie commune. Ensemble, ils forment un couple sans imagination et enfermé dans leur routine. Un soir, alors que Xavier rentre de sa journée de travail, Sophie lui annonce qu’elle a invité leurs voisins Adèle (Julia Faure) et Alban (Pablo Pauly) à manger. L’occasion de faire plus ample connaissance pour Sophie, celle de ne pas profiter d’une soirée au calme pour Xavier.

Comme toute comédie jouant à grossir le trait, Adèle et Alban forment un duo plein d’entrain et de vigueur. Ouverts au polyamour, ils n’hésitent pas à dévoiler leur vie privée entre le fromage et le dessert (voire dès l’apéro). L’opportunité rêvée pour Xavier de dire à ses voisins tapageurs leurs quatre vérités: leurs bruyants ébats perturbent leur existence bien rangée.

Dès lors, Et plus si affinités va s’articuler autour de cette seule thématique, opposant le couple vieux jeu à leur exact contraire. Classique dans ses ressorts comiques et chaotiques dans son montage se voulant dynamique pour briser la monotonie de ce qu’il se passe à l’écran, le film lasse rapidement. La caricature de chaque protagoniste vire à l’excès, accentué par un jeu bien souvent grotesque. La tendance vaudevillesque de l’ensemble donnerait presque envie de faire ce qu’on pourrait dorénavant appeler une Yannick (en référence à l’excellente œuvre de Quentin Dupieux sortie l’année dernière), se lever pour interrompre ce qui se déroule sous nos yeux et demander des comptes. Hélas, un tel agissement est indéniablement moins impactant dans une salle de cinéma que dans un théâtre…

Et pourtant, Et plus si affinités a raflé toutes les récompenses au Festival de l’Alpe d’Huez. Prix spécial du Jury, Prix d’interprétations féminine (pour Isabelle Carré) et masculine (pour Bernard Campan). À croire que l’altitude a un effet sur les zygomatiques que l’on ne retrouve pas en plaine. De notre côté, les 1 h 17 du film écoulées, aucune affinité n’ayant eu lieu, on n’en demande pas plus…