Les Paradis de Diane

Affiche Les Paradis de Diane
Réalisé par Jan Gassmann, Carmen Jaquier
Pays de production Suisse
Année 2024
Durée
Musique Marcel Vaid
Genre Drame
Distributeur Outside the Box
Acteurs Aurore Clément, Dorothée De Koon, Roland Bonjour, Omar Ayuso
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 918

Critique

Diane s’en va, laissant derrière elle ce nouveau-né qu’elle ne parvient pas à prendre dans ses bras. Sa fuite prend d’abord la forme d’un abandon, et plus tard, celle d’une déambulation ponctuée de rencontres et de mises en danger.

Présenté en première suisse aux Journées de Soleure, et sélectionné dans la section Panorama à la Berlinale, le dernier opus coréalisé par Carmen Jaquier (Foudre, 2022) et Jan Gassmann (99 Moons, 2022) est un film courageux. Il a le mérite de porter à l’écran une thématique jusqu’ici peu visibilisée: la maternité dans ses aspects obscures et anxiogènes.

Dès les premiers plans, on se retrouve dans l’intimité de Diane avec une scène de sexe crue mais sans être dérangeante. Les images suivantes la montrent sans transition en train d’accoucher, avant qu’elle ne quitte discrètement l’hôpital. Une impression indéniable de spontanéité, de transgression et de liberté se dégage de ce film. Il est porté tout entier par la remarquable performance de Dorothée De Koon dans le rôle principal. Est à souligner également la manière habile dont est filmé ce corps post-partum. Élément trop rarement donné à voir au cinéma, il constitue pour Diane le seul lien, bien tangible, avec cette réalité à laquelle elle tente vainement d’échapper.

Pourtant, ce sont peut-être autant les paradis de Diane que la manière dont ils sont filmés, qui donnent au film un air si artificiel et surfait. Alors qu’elle réalise qu’elle n’est pas en mesure d’endosser le rôle de mère, elle semble faire face à un vide intérieur effrayant qui occupera une place centrale. Quoiqu’en creux puisqu’elle n’a de cesse de s’agiter et de se mettre en danger. Ce qui d’ailleurs semble lui éviter de contempler l’abîme dans lequel elle se trouve projetée.

La caméra se place au plus près de Diane, multiplie les gros plans et les mouvements rapides, voire saccadés lorsqu’on la suit dans la rue. Le tout, additionné à une esthétique loin de la netteté habituelle, évoque le téléfilm. Ces partis pris esthétiques donnent au film un petit côté désuet et grisâtre qui évoque la fin des années 1990, et le bétonnage outrancier.

L’impression de vide, qui infuse tout le récit et qui transparaît de manière saillante dans la vacuité de ses dialogues, est probablement renforcée par le non-lieu architectural que représente la station balnéaire de Benidorm dans laquelle est ancrée la fuite de la jeune femme. Il semble donc que l’effet produit sur les spectateur·rice·s soit un parti pris assumé. Ce qui n’empêche pas d’avoir pour conséquence une forme de lassitude pour celui qui est amené à suivre Diane. À suivre également les émotions qui la traversent, avec en arrière-fond des lieux qui défilent, dans lesquels on ne vit pas, où on se regarde, mais où l’apparence prime avant tout. Les apparences ne sont d’ailleurs pas sauves puisque que l’on comprend que Diane, au détour d’un face-à-face avec son partenaire, s’obstine à refuser d’endosser son rôle de mère, telle que la société attend d’elle. Une scène bien écrite, qui évite l’écueil d’un drame attendu, pour explorer après tout, les points de vue de ces deux individus dans toute leur complexité.

Noémie Baume

Appréciations

Nom Notes
Noémie Baume 12
Blaise Petitpierre 11
Emilie Fradella 14