Karaoké

Affiche Karaoké
Réalisé par Stéphane Ben Lahcene
Pays de production France
Année 2024
Durée
Musique Anne-Sophie Versnaeyen
Genre Comédie
Distributeur Frenetic
Acteurs Michèle Laroque, Claudia Tagbo, David Mora
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 918

Critique

Bénédicte (Michèle Laroque) est une chanteuse d’opéra mondialement célèbre, passant sa vie dans les honneurs et les palaces, ignorant même l’existence d’un monde moins privilégié que le sien. À la suite d’un malheureux coup d’éclat alcoolisé, sa carrière s’arrête brutalement. Elle est recueillie par Fatou (Claudia Tagbo), femme de ménage et dingue de karaoké. Elle cherche à entraîner sa nouvelle amie jusqu’aux championnats de France puis du monde de cette discipline, évidemment méprisée, autant que le «petit peuple», par la cantatrice.

Karaoké serait donc une comédie remarquable et novatrice. En lisant un article promotionnel français, on lit pêle-mêle les termes: bouffée d’air frais, sincérité émouvante, discours social subtil, répliques cinglantes, réflexion sur les préjugés et les barrières sociales, profondément humain. C’est tout de même très exagéré. Car si ce film ne fait certes pas partie de ces comédies à la française se moquant du public et dégoulinant de prétention, tout cela reste attendu et fort gentillet.

Écrit et réalisé par le scénariste complice de Michèle Laroque sur les films qu’elle met en scène (dont le parfaitement quelconque Chacun chez soi), Karaoké semble s’être inspiré un peu de l’excellent Podium de Yann Moix, mais aussi de Rumba la vie de Franck Dubosc (dont la fin est ici quasiment du copier-coller) et du passé inaperçu l’année dernière Chœur de rockers. Les paroles laudatives rappelées plus haut ne sont certes pas absentes. Deux personnes que tout oppose qui se rapprochent grâce à la musique. Une femme modeste qui s’élève alors que la puissante tombe de son piédestal; la découverte des vraies valeurs que sont l’amitié, les joies simples et la chaleur humaine. Tout cela ne reste malheureusement qu’effleuré, et noyé dans une histoire d’un concours de circonstances fort improbable, entrecoupé de scènes à l’humour laborieux (les toilettes japonaises pour l’une et la découverte du boulot de femme de ménage pour l’autre). De plus, la surprise qui aurait pu être de mise est aussitôt avortée, la première scène nous expliquant déjà comment l’histoire finira. Le réalisateur est également tombé dans le piège des effets faciles et lourds: l’écran du cinéma se transformant régulièrement en écran de karaoké... on a compris.

Les bons points sont, d’abord, la sincérité et l’honnêteté du film. Dommage que le scénariste n’ait pas été plus ambitieux et n’ait pas su sortir du déjà-vu. Il rappellera quelques bons souvenirs aux quarantenaires grâce aux chansons de Joe Dassin, de Goldman, de Balavoine, d’ABBA ou de Flashdance égrenées. Et enfin, la sympathie suscitée par la pétulante, drôle et pleine d’énergie Claudia Tagbo, qui ramasse tout. Aussi parce que son personnage est de loin le plus intéressant. Michèle Laroque, étonnamment, en dehors des moments où elle fait son show, joue le strict minimum, à la limite du jeu minimaliste. Mais là aussi, après tout, cela colle avec son personnage qui n’évite pas la caricature de la bourgeoise élitiste et vaporeuse.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 9