Making Of

Affiche Making Of
Réalisé par Cédric Kahn
Pays de production France
Année 2023
Durée
Genre Comédie dramatique
Distributeur CityClub
Acteurs Denis Podalydès, Xavier Beauvois, Valérie Donzelli, Jonathan Cohen, Souheila Yacoub, Stefan Crepon
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 917

Critique

Simon (Denis Podalydès) tourne un film inspiré de faits réels sur un groupe d’ouvriers qui se battent pour faire valoir leurs droits, après l’annonce d’une relocalisation. Les conditions de tournage sont tendus quand les principaux producteurs menacent de couper les fonds si l’option d’un happy end n’est pas choisie. Making Of est encore une œuvre méta sur l’industrie du cinéma, mais drôle!

Dès les premières minutes, le ton est donné, grâce au jeu de l’acteur principal loufoque Jonathan Cohen qui incarne Alain. Le décalage, qui se développe tout au long du tournage (a fortiori celui du long métrage) réside dans le désir d’Alain d’être au centre de l’attention et dans le récit du collectif ouvrier. Des dissonances cognitives qui sont explorées et exploitées. Ces dissonances, que l’on pourrait qualifier d’artistiques, au sens où elles articulent le discours de la diégèse avec les conditions pratiques de tournage, servent de levier à la déconstruction des dynamiques de pouvoir sous-jacentes à l’industrie. Ainsi qu’aux interactions sociales générales qui permettent d’aborder une problématique souvent ignorée des œuvres inscrites, celle de notre système capitaliste. On nous montre donc la création d’un film et le point de vue d’un jeune garçon, incarné par Joseph (Stefan Crepon), habitant près de l’usine qui sert de lieu de tournage. Lui-même habité par une envie de faire des films.

Par une suite d’heureux hasards, il se retrouve à réaliser le «making of» du film en question. Ainsi, les images tournées, en format très large, s’alternent avec les images numériques filmées par Joseph, en 1.66, plus proches du format employé traditionnellement pour le cinéma d’auteur. Ces différents formats permettent ainsi de mettre à jour l’artificialité du tournage, en montrant par exemple, les chorégraphies des figurants vues de dessus, et dont la maladresse témoigne des difficultés de représenter une réalité prolétaire mais fictive. D’autres sources d’images s’ajoutent à cette multiplicité, afin de représenter la complexité des rapports sociaux. Pris entre affect et éthique, par exemple les appels vidéo entre Simon et sa femme Alice (Valérie Donzelli), ces rapports sont toutefois distancés par l’écran.

Le jeu, réussi, est de sans cesse mettre en résonance les rapports film/tournage du film avec ceux interrelationnels entre Simon et sa famille, Joseph et sa sœur, ou Nadia (Souheila Yacoub) et Alain. Par ailleurs, ces interactions sont un terrain exploratoire pour des questionnements existentiels. Qu’ils soient liés à l’âge, au rapport à la postérité de Simon, ou aux ambitions de jeunesse de Joseph. De plus, les différents formats et sources d’image ont également une résonance dans la déclinaison des différents espaces, le lieu de tournage et de travail de la sœur, la maison familiale de Simon, ou encore le lointain Paris où se réfugie le coproducteur et ami de Simon, Marquez (Xavier Beauvois). Un ensemble de rapports, à la fois méthodique et efficace.


Ani Gabrielyan

Appréciations

Nom Notes
Ani Gabrielyan 15