La Fille de son père

Affiche La Fille de son père
Réalisé par Erwan Le Duc
Pays de production France
Année 2023
Durée
Musique Julie Roué
Genre Comédie dramatique
Distributeur Frenetic
Acteurs Nahuel Perez Biscayart, Camille Rutherford, Maud Wyler, Céleste Brunnquell
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 913

Critique

On aime beaucoup Nahuel Pérez Biscayart. Cet acteur argentin polyglotte, révélé principalement dans 120 battements par minute, était tout simplement incroyable, il y a deux ans, dans l’excellent Les Leçons persanes. Il joue ici le rôle d’un père-enfant avec ses grands yeux curieux et joyeux, dans un film qui, malheureusement, multiplie les effets, faisant semblant d’avancer, mais qui n’est finalement que bla-bla.

Un coup de foudre de jeunesse, une naissance qui en découle, puis la jeune maman qui s’enfuit du jour au lendemain. Dix-sept ans plus tard, le père qui a fait de son mieux pour élever sa fille la voit se préparer à quitter le nid. C’est alors qu’il retrouve la trace de la maman par hasard. Quelle incidence cet événement aura-t-il sur ces deux êtres fusionnels qui devront bientôt apprendre à vivre séparément? De quoi envisager la possibilité d’une comédie dramatique tendre, d’une chronique sensible et approfondie sur le temps, la filiation, les regrets et les espoirs. Sauf que, dès le début, le récit ne semble pas savoir où il va. Plutôt que d’un développement homogène et cohérent, le film est constitué d’une suite de scènes qui prétendent installer une ambiance. Chacune d’elles ayant son effet, soit d’étrangeté onirique ou de poèmes en voix off, soit de ficelles pesantes, telles que les dialogues noyés sous les violons. La Fille de son père vire rapidement à l’exercice de style, probablement involontaire, et l’investissement émotionnel du spectateur reste à la porte. L’humour est sage lorsqu’il pourrait être burlesque, la tendresse naïve quand elle devrait être sincère. On a le sentiment que le cinéaste a plus cherché à fabriquer un produit qu’à réaliser un film. Hormis une scène amusante (celle de la «berceuse collective»), maints moments nous laissent perplexes: la danse dans un hôpital ou la scène, hors sujet, donnant à Noémie Lvovsky l’occasion de faire du cabotinage effréné.

Le titre aussi n’est pas forcément bien trouvé. Le film devrait plutôt s’appeler «Le Père de sa fille», tant le personnage de l’adolescente est secondaire. C’est le père qui est au centre, tout tourne autour de lui. Ce qui aurait d’ailleurs pu être beaucoup plus intéressant. Il n’est touché que par ses regrets, ses peurs ou ses aspirations. Ainsi, le cinéaste nous fait croire qu’il a une histoire à raconter, dans une ambiance (aidée en cela par une musique guimauve) qui fait passer la naïveté pour de la profondeur, et la bizarrerie pour de l’humour. C’est dommage car la mise en scène est belle et les acteurs bons... c’est ce que l’on pense jusqu’au moment où nous nous rendons compte qu’ils naviguent à vue. Car Erwan Le Duc a oublié la règle numéro un, ou ce qui devrait en tous cas être toujours la règle numéro un: quand on n’a rien à raconter, on ne passe pas une heure et demie à essayer de faire croire le contraire.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 7