Youssef Salem a du succès

Affiche Youssef Salem a du succès
Réalisé par Baya Kasmi
Titre original Youssef Salem a du succès
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Alexandre Saada
Genre Comédie
Distributeur CityClub
Acteurs Ramzy Bedia, Noémie Lvovsky, Abbes Zahmani, Tassadit Mandi, Caroline Guiela Nguyen, Oussama Kheddam
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 911

Critique

Dans un contexte d’islamophobie généralisé en France, Youssef Salem a du succès cherche et réussit à nous livrer l’histoire touchante d’un Français en plein questionnement sur son rapport à sa famille d’origine algérienne. Si le film n’est pas franchement une réussite du point de vue de la maîtrise du médium cinématographique, il demeure pertinent concernant les peurs et problématique de la société française, et celle occidentale, par extension.

Tout d’abord, évacuons la question cinématographique. Ainsi, la narration suit le point de vue de Youssef (Ramzy Bedia), un écrivain ignoré du public, qui publie son premier succès: Le Choc toxique. Une autobiographie romancée sur son rapport à sa famille et sur les tabous de cette dernière. En guise d’ouverture, le film met en images les lectures du texte, exprimées en voix over par l’auteur. Nous nous amusons, par ailleurs, à connecter les éléments du livre à ceux de la diégèse. Si nous éprouvons du plaisir à découvrir ces scènes, et ce, grâce aux performances de très bonne qualité des acteurs, il n’empêche que cet effet de la voix over, lasse un peu. L’utilisation des intertitres, en caractères monogrammes, rappelle ceux d’une machine à écrire et nous laisse par conséquent un peu indifférents. De même, que les dialogues (plutôt drôles du reste) et les scènes de famille (avec tout le chaos que cela implique) soient amusants à suivre, manquent cruellement de finesse. Que ce soit dans le rythme, la précision dans la composition des plans ou la justesse des moments de pause.

C’est frustrant, car si nous soufflons du nez, c’est parce que nous ne sommes jamais vraiment complètement pris dans cette histoire, aux thématiques pourtant passionnantes.

Concernant la question de la politique, il est évident que la France a un problème avec l’islam. Avec son passé colonial pas assumé, les réflexions que propose Youssef Salem a du succès mettent effectivement le doigt là où ça fait mal. À travers son parcours personnel, nous comprenons que ce jeune homme cherche à s’émanciper de son carcan familial, et nous comprenons également que ces questions ne peuvent se libérer dans un contexte d’oppression systémique. Dans des cas plus extrêmes que ceux décrits par le film - mais connus en outre par des personnes qui travaillent sur la question de l’immigration - ces problématiques sont véritablement liées à la fois au contexte familial qui peut être aliénant, et à une méfiance légitime envers un État raciste. Sur ces questions-là, Youssef Salem a du succès réussit à mettre en lumière l’enjeu des représentations médiatiques et l’insensibilité de ces dernières concernant le racisme.

Mais ces constats restent assez superficiels car nous sommes face à une réalisation qui nous fait regretter un Cédric Klapisch, une Agnès Jaoui ou un Jean-Pierre Bacri. Il est certain que ces trois cinéastes nous serviraient un discours profond sur l’Etat colonial français, car ils ont le mérite de s’intéresser, du moins pour les deux derniers, aux rapports de classe. Le film est une réflexion militante mais dont la précision de pensée d’une Houria Bouteldja manque. Or il est tout à fait possible de faire du divertissement de qualité avec une dimension antiraciste.

Ani Gabrielyan

Appréciations

Nom Notes
Ani Gabrielyan 8
Blaise Petitpierre 16