Réalisé par | Albert Dupontel |
Titre original | Second tour |
Pays de production | France |
Année | 2023 |
Durée | |
Musique | Christophe Julien |
Genre | Comédie dramatique |
Distributeur | Pathé |
Acteurs | Cécile de France, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Scali Delpeyrat |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 909 |
Second Tour d’Albert Dupontel est une comédie u-chronique satyrique, supposée porter un propos sur la situation politique française actuelle. Dommage qu’il fasse passer Oppenheimer pour du Hang Sang Soo.
Car Second Tour a d’ores et déjà glané la palme du film le moins sobre de l’année. Que l’on s’entende : le principe de la satire est le surlignage de traits, l’accentuation des caractères. L’on ne reprochera donc pas au film, qui narre l’enquête d’une journaliste (Cécile de France) sur Pierre-Henry Mercier, un candidat de droite libérale à l’élection présidentielle (Albert Dupontel), de dépeindre un monde politique plus corrompu que jamais ainsi qu’un système médiatique d’une partialité outrée. Cependant, non content de se tenir à cet art de caricaturiste sur le fond, Dupontel charge terriblement la mule sur la forme. Chaque scène, chaque plan est surinvesti par des intentions formelles brouillonnes et extrêmement balourdes. Au programme : panoramiques circulaires en veux-tu en voilà, totalement injustifiés par la narration, mouvements de grue qui ne nous impressionneront pas (désolé Albert), musique qui s’approche dangereusement du Mickey Mousing – quasi permanente et très vite fatigante. Ce tartinage cinématographique donne non seulement mal à la tête, il est le signe d’un cinéaste tout à fait scolaire, qui tire sa forme des pires productions audio-visuelles à la Netflix.
On comptait alors sur le scénario pour sauver ce qui pouvait être sauvé. Raté. Le film commence comme un film-dossier : la journaliste semble sur le point de découvrir des éléments importants à propos de Pierre-Henry Mercier. On se dit : « au moins il y aura un mystère pour nous maintenir éveillés ». Mais comme Dupontel n’aime pas le mystère ni l’ambiguïté, il décide de pulvériser au bout de 30 minutes l’arc film-dossier pour laisser place à une fable morale - moralisatrice - simpliste. Nous apprenons en effet que Mercier souhaite effectuer, lorsqu’il sera au pouvoir, des mesures gauchistes et écologistes. Celui que l’on pensait être le grand méchant droitier, cerclé d’ombres, est en réalité le grand gentil. C’est tout noir ou tout blanc : aucune zone grise dans ce twist grotesque. Inutile de préciser que tel manichéisme rend impossible la transmission d’un propos politique un minimum subtil et intelligent.
Un autre retournement interviendra vers les deux tiers du métrage, retournement que l’on voit venir depuis Jupiter. Décidément aucune surprise, aucun contrepied ne vient à la rescousse de ce film franchement raté dans absolument tous ses aspects.
Tobias Sarrasin
Nom | Notes |
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Tobias Sarrasin | 6 |