La Fiancée du poète

Affiche La Fiancée du poète
Réalisé par Yolande Moreau
Titre original La Fiancée du poète
Pays de production France, Belgique
Année 2023
Durée
Musique Florent Vintrigner
Genre Comédie dramatique
Distributeur Agora
Acteurs Sergi López, Yolande Moreau, Grégory Gadebois
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 909

Critique

Yolande Moreau revient avec une comédie empreinte de mélancolie et d’anticonformisme. Si son univers singulier séduit, sa forme reste trop convenue pour l’ode aux âmes bohèmes qu’il souhaite être.

La comédienne et humoriste Yolande Moreau est de retour derrière la caméra, dix ans après Henry. Dans son film, elle se glisse dans la peau de Mireille, femme marquée par la vie, revenant dans l’ancienne demeure familiale, délaissée par le temps et nichée dans une petite bourgade de la Meuse. Mireille saisit cette opportunité pour façonner une famille à son image: artistique, poétique, et subtilement espiègle.

L’introduction du film, marquée par une longue succession de logos, évoque le combat ardu mené par Yolande Moreau pour concrétiser ce projet. On comprend que ce film lui tenait à cœur, tant il rassemble les éléments propres à l’univers de la réalisatrice, à savoir un amour indéniable pour les personnages bohèmes et anticonformistes. Elle explore ainsi le lien profond entre le génie artistique et l’art de distordre, de tromper et de masquer la réalité, tout en parvenant à injecter une mélancolie savamment dosée qui imprègne sa comédie d’une tonalité singulière. Bien que la démarche de l’auteure soit sincère et touchante, elle apparaît paradoxalement trop académique et appliquée, tranchant avec le propos de son film. Sans aller jusqu’à être un film punk, le long métrage aurait gagné à être un peu plus chaotique, moins lisse et prévisible.

Si Yolande Moreau excelle dans les portraits de ces personnages rêveurs et doux-amers, on peut déplorer un certain manque de finesse dans son scénario. Les scènes qui dépeignent la sœur de Mireille, une sorte de pendant bourgeois, sont terriblement caricaturales. L’excellente et surprenante performance de William Sheller en prêtre jouant de l’ABBA sur son orgue est quelque peu plombée par des dialogues insistant lourdement sur la dualité du personnage.

Presque vingt ans après avoir reçu le César du Meilleur premier film pour Quand la mer monte, Yolande Moreau montre qu’elle a pourtant encore une marge de progression pour que ses œuvres surpassent le simple statut de comédies charmantes et attachantes.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 12