Une année difficile

On dit que la publicité, qu’elle soit positive ou négative, est toujours un bon moyen d’augmenter la visibilité d’un sujet. Alors quand les deux géants du cinéma français que sont Nakache et Toledano proposent un film se penchant sur l’activisme écologique, doit-on se réjouir ou alors se faire du souci pour le mouvement?

Toledano et Nakache, des grands noms du cinéma français qu’il n’est plus nécessaire de présenter. Rendu célèbre par Intouchables notamment, ce duo réalise depuis plusieurs années des films largement diffusés en France et dans le monde entier. Leur dernier long métrage, Une année difficile, rend compte d’un cinéma de plus en plus monétaire et de moins en moins réfléchi. L’histoire est portée par un duo masculin de marginaux, surendettés, qui se retrouvent obligés d’assister aux meetings d’une association écologique pour profiter de leur apéro à prix libre. S’ensuit une série d’aventures au sein de l’association activiste, la rencontre de personnalités militantes et même pour d’aucuns, l’amour. Les aspects techniques du film sont impeccables: Nakache et Toledano maîtrisent le rythme, les images, et l’ensemble se visionne sans problème. Mais qu’on ne s’y trompe pas: le film n’est ni une critique de la société française, ni un apport bénéfique de visibilité pour les mouvements écologistes. En effet, sur un fond de belle France à peine jugée (Brel et la tour Eiffel permettront aux spectateurs de retrouver la France des cartes postales), les personnages s’alignent comme des stéréotypes en compétition pour savoir qui d’entre eux est le plus vide. Les deux personnages principaux sont des idiots qui tentent de cacher au tipex leurs refus d’effacement de dette, la leader écologiste est une gosse de riche qui cherche à s’enfuir via le militantisme, les écologistes sont des caricatures de naïveté et de bigoterie.

En guise de comparaison, on peut penser au film de Catherine Corsini, La Fracture. Sorti en 2021, ce long métrage traite brillamment du mouvement des gilets jaunes en France. Comédie dramatique, il mêle sérieux et comique sans tomber dans le cliché. La comparaison est d’autant plus pertinente que les deux productions partagent leurs acteurs, notamment Pio Marmaï dans le rôle principal. De fait, là où La Fracture réussit à insérer du comique sans effacer la violence du sujet ou vider entièrement ses personnages, Une année difficile échoue totalement. Double échec donc pour ce film qui ne parvient ni à se tenir et à tenir le spectatorat pendant 1 h 30, ni à apporter quelque chose à ces mouvements qui méritent véritablement attention et réflexion.