L'Été dernier

Affiche L'Été dernier
Réalisé par Catherine Breillat
Titre original L'Été dernier
Pays de production France
Année 2023
Durée
Genre Drame
Distributeur Xenix
Acteurs Léa Drucker, Olivier Rabourdin, Samuel Kircher
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 907

Critique

L’Été dernier nous plonge dans l’intimité d’une famille bourgeoise bouleversée par l’arrivée de Théo, fils né d’un premier mariage.

Catherine Breillat, aux films volontiers qualifiés par la critique de sulfureux, revient après neuf ans d’absence avec un remake d’un film danois, Dronningen (May el-Toukhy, 2019), sur une proposition du producteur Saïd Ben Saïd. Œuvre qui, par son intrigue, rappelle Lolita (Stanley Kubrick, 1962).

Théo (Samuel Kircher), 17 ans, adolescent défiant l’autorité, comme le veut le cliché, vient s’installer chez son père, Pierre (Olivier Rabourdin). Celui-ci vit avec sa nouvelle femme Anne (Léa Drucker, dont le jeu oscille subtilement entre automatisme et nonchalance), avocate, et deux fillettes adoptées. Ils sont installés dans une grande villa aux baies vitrées, proche de Paris, ont une décapotable. Pourtant, malgré un semblant d’harmonie, des indices, tels que la consommation permanente d’alcool, jamais présentée comme problématique, suggèrent l’ennui chez Anne, condition nécessaire à sa romance à venir.

Dans une séquence symboliquement chargée, Théo effectuera un auto-cambriolage. Alors même que, dans la séquence d’ouverture, face à une cliente mineure, Anne insiste sur l’importance de dire la vérité, elle taira auprès de son mari le nom du cambrioleur, pactisant ainsi avec son beau-fils, qui, dès lors, progressivement, se substituera au père (lors d’une virée familiale au bord de l’eau par exemple) jusqu’à devenir l’amant d’Anne.

Indéniablement, la cinéaste parvient à capter la sensualité, par des jeux de lumière sur les peaux, des corps qu’elle filme, que ce soient celui d’Anne, de Théo - ou même de Pierre lorsqu’il déboutonne sa chemise, avant un rapport sexuel glaçant. Pourtant, la liaison incestueuse n’apparaît non pas comme la conséquence d’un désir pour un corps jeune ou de la peur qu’aurait Anne de sa propre vieillesse, ni d’ailleurs d’un goût pour l’interdit, mais bien plutôt d’une envie d’échapper au quotidien par une présence et un regard valorisants. Ce qui attire Théo n’est en revanche pas si clair. D’autres éléments peu consistants, notamment la relation entre le fils et son père, parsèment le récit, avant tout centré sur la liaison adultère et ses conséquences.

Si, en apparence, L’Été dernier éblouit, le discours qu’il véhicule questionne. En effet, Anne, une fois le secret de sa liaison révélé, devient le personnage que l’on condamne, prise qu’elle est, sans culpabilité, entre deux hommes sincères et amoureux. Elle s’obstine dans le mensonge face à un mari qui ne demande qu’à la croire, se sert de la faiblesse de ce dernier pour le faire culpabiliser d’oser douter d’elle. On l’aura compris, le modèle bourgeois est à conserver, la pulsion, une fois assouvie, à ignorer, et la femme (même si la dernière scène du film, dans le lit conjugal, suggère la complicité de Pierre) à blâmer.


Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 12
Marvin Ancian 4