Renfield

L’idée de cette comédie horrifique aurait pu être amusante: R.M Renfield (Nicholas Hoult), un laquais de Dracula (Nicolas Cage), tente de se défaire de l’emprise de son maître ingrat. Le protagoniste s’émancipe alors progressivement de cette relation toxique grâce à une thérapie de groupe. Sa liberté intérieure retrouvée, il tombe amoureux d’une policière rigolote et décide de s’installer seul dans un petit studio bigarré. Ce doux parcours n’est par contre pas du tout au goût du comte: Dracula finit par massacrer les participants de la thérapie collective, psychologue compris, et broie ainsi toute forme de résistance – fût-elle psychologique – contre lui...

Se présentant comme un film léger, Renfield est un film raté. Il serait toutefois odieux de le crucifier, car certains détails pourraient presque valoir le détour. Au-delà des scènes sanguinolentes plutôt sympathiques, on remarquera par exemple le baroque des décors: ils sont à ce point-là chargés, artificiels et traités aux petits oignons, qu’ils fonctionnent étrangement comme un repoussoir brechtien; les personnages viennent se «coller» à eux, sans jamais s’y mêler, et l’effet involontairement gauche de ce formalisme n’est pas dénué d’intérêt. Puis, si Nicolas Cage flirte avec le grotesque à de nombreuses occasions, une réplique de Shohreh Aghdashloo (connue principalement pour son rôle dans la série The Expanse) vaut par ailleurs tout l’or du monde: visiblement charmée par l’aristocrate vampirique, elle lui lance de sa voix grave un “Hello, Mister Dracula” dont Marilyn Monroe eût été fort jalouse. Hélas, malgré quelques fulgurances, ce qui aurait pu être une œuvre délirante s’efforce laborieusement de se conformer aux (mauvais) codes du genre.