La Syndicaliste

Affiche La Syndicaliste
Réalisé par Jean-Paul Salomé
Titre original La Syndicaliste
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Bruno Coulais
Genre Drame, Thriller
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Isabelle Huppert, Yvan Attal, Marina Foïs
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 895

Critique

Film-machine - en ce que tout, chez lui, paraît mécanique, formaté, standardisé - qui repose essentiellement sur sa femme-machine - Isabelle Huppert, qui, à mesure que sa carrière progresse, paraît toujours plus forte que la mort -, La Syndicaliste est une œuvre déjà vue mais qui a le mérite de projeter à l’écran l’image qu’une certaine France se fait d’elle-même: libérale, agressive et patriarcale.

Syndicaliste impitoyable, possédant une vision très noble de son travail, Maureen Kearney (Isabelle Huppert) protège les intérêts des ouvrières et des ouvriers d’Areva, un conglomérat français spécialisé dans le nucléaire. En 2012, elle devient lanceuse d’alerte en découvrant les germes d’un secret d’État scandaleux: le nouveau patron de l’entreprise, Luc Oursel (Yvan Attal), discute avec un consortium chinois afin de construire de nouvelles centrales low cost, menaçant ainsi près de 50’000 emplois. Alors qu’elle est sur le point de mettre au jour le scandale, Maureen Kearney est subitement (évidemment!) victime d’une série d’agressions (scarification, molestation, viol) qui l’entraînent vers une lutte acharnée avec l’appareil pénal et judiciaire.

Ambitieux, du moins sur le plan scénaristique, puisque l’on devine l’envie féroce (forcenée!) d’inscrire son film dans un imaginaire paranoïaque suffocant, qui voudrait rappeler les grands thrillers conspirationnistes du cinéma américain des années 1970 (Coppola, Pollack, Pakula), Jean-Paul Salomé n’a cependant pas l’acuité intellectuelle pour être à la hauteur de ses modèles. La divergence se joue ici essentiellement sur la relation à la vérité que les cinéastes construisent. Pour ceux-là (rappelons-nous les plans conclusifs de Conversation secrète ou des Trois jours du Condor), la vérité n’existe plus, complètement diluée dans les interstices d’un pouvoir tout à la fois liquide et anonyme. Alors que pour celui-ci, la vérité est garante de l’ordre du monde. Cette règle, légère en apparence, a néanmoins de lourdes conséquences sur la progression narrative. Puisque dans un monde où c’est la vérité qui ordonne les choses, c’est Dieu que l’on s’autorise à ressusciter et, partant, les miracles n’appellent plus d’explication. Ainsi, le deus ex-machina de fin, ultime opération du scénariste-roi pour recoller l’ordre narratif autour de l’unité perdue. Jugée coupable d’avoir mis en scène sa propre agression - sous prétexte de son alcoolisme passé et d’un premier viol subi à l’âge de 20 ans - Maureen Kearney est finalement graciée: quatre ans après son procès, son dossier est tout d’un coup réouvert à la suite de l’apparition féerique (nous sommes à 20 minutes de la fin) d’un nouveau personnage, Véronique, une femme ayant vécu une agression similaire à la sienne. Dernier passage en force d’un scénario fatigué qui fait du Syndicaliste l’anti Enquête sur un scandale d’Etat, l’excellent film de Thierry de Peretti sorti l’année dernière.

Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 8