Le Dernier duel

Affiche Le Dernier duel
Réalisé par Ridley Scott
Titre original The Last Duel
Pays de production U.S.A.
Année 2021
Durée
Musique Harry Gregson-Williams
Genre Drame, Historique
Distributeur Walt Disney
Acteurs Matt Damon, Ben Affleck, Adam Driver, Alex Lawther, Jodie Comer, Harriet Walter
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 865

Critique

Loin d’un film de cape et d’épée, ce film, situé au Moyen Âge, relate un événement singulier, un drame conduisant au probable dernier duel «permis», où Dieu pourrait être l’ultime arbitre.

Tout d’abord, les faits. En 1386, Marguerite de Carrouges avoue à son mari, Jean de Carrouges, avoir été violée par le meilleur ami de celui-ci, Jacques Le Gris. Le méfait, devenu public, débouchera sur un procès, qui aboutira sur un ultime duel entre les deux hommes, le dernier légalement sanctionné de l’histoire de France.

Pour relater cela, Ridley Scott plonge son spectateur dans l’époque où la violence et la brutalité physique cachent, comme le souligne un critique, une cruauté sociale, et où tous les destins se jouent entre hommes, et entre hommes de pouvoir bien entendu. Toutefois, le réalisateur ne s’est pas contenté d’offrir une fresque historique de belle facture, puisqu’il propose une mise en scène originale. Le récit - juste après les premières images de la lutte à mort - se déploie en trois parties, chacune offrant un point de vue, d’environ quarante minutes. La première présente le drame sous le regard de Jean de Carrouges, incarné par un Matt Damon vieilli et blessé, guerrier honorable et ombrageux, mais pauvre et apparaissant progressivement comme un rustre désireux de défendre peut-être plus encore son honneur que celui de sa femme. Jacques Le Gris (Adam Driver) est au centre de la deuxième partie qui, bien entendu offre une version opposée à celle de son ami. Cet homme ne compte plus ses conquêtes, plus amoureuses que militaires, car il a su et sait flatter, jusqu’à en tirer de nombreux bénéfices. Toutefois, suite à sa rencontre avec Marguerite de Carrouges (Jodie Comer), il ne songe plus qu’à cette femme qu’il est bien décidé à séduire, ce qu’il réussit, prétend-il, avec son consentement. La troisième partie dévoilera la vérité, relatée par Marguerite elle-même, notamment lors du procès que cette affaire a généré. Mais qui dit vrai? Finalement seul un duel à mort le révélera peut-être.

L’ensemble relate donc à trois reprises la même histoire, et la majorité des scènes se dupliquent, avec chaque fois quelques nuances qui font en fait toute la différence. Ces dernières touchent tant les dialogues et leurs intonations que les gestes et les expressions. Aussi, les comédiens font usage de toute la palette de leurs émotions, comme pour mieux semer le doute sur ce qui s’est réellement passé.

Si le duel qui conclut le film avec grande violence fut en fait le dernier «autorisé», l’énergie déployée par le personnage de Marguerite souligne l’importance, voire la nécessité du consentement. Marguerite refuse d’être réduite à un objet, que ce soit par un mari ou un amant. Pouvoir être soi, ne pas dépendre de qui que ce soit, est une lutte, dont le prix est ici cher payé. Et c’est la force de cette réalisation soignée et surprenant de rappeler que la liberté triomphe(ra) que lorsque tout homme et toute femme en disposeront.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15
Marvin Ancian 16