Réalisé par | David Fincher |
Titre original | Mank |
Pays de production | U.S.A. |
Année | 2020 |
Durée | |
Musique | Atticus Ross, Trent Reznor |
Genre | Biopic, Drame |
Distributeur | Netflix |
Acteurs | Gary Oldman, Amanda Seyfried, Lily Collins, Tuppence Middleton, Tom Pelphrey, Arliss Howard |
Age légal | 13 ans |
Age suggéré | 13 ans |
N° cinéfeuilles | 849 |
Produit et diffusé par Netflix, le dernier film de David Fincher se penche sur la trajectoire du scénariste de Citizen Kane.
Orson Welles est souvent considéré comme l’artiste de cinéma polyvalent par excellence, à la fois acteur talentueux et réalisateur de génie. Toutefois, on oublie souvent qu’il n’a pas écrit seul son chef-d’œuvre Citizen Kane - qui a valu au long métrage son seul Oscar. En effet, Welles a fait appel au scénariste Herman J. Mankiewicz, dit «Mank», alors très actif dans le milieu compétitif des studios hollywoodiens. C’est au parcours de cet homme qu’est consacré le scénario de Mank, rédigé dans les années 90 par Jack Fincher, le père du cinéaste, disparu en 2003. Le biopic diffusé début décembre sur Netflix constitue ainsi un hommage du réalisateur de Seven à son propre père, une reconstitution passionnante du Hollywood des années 30-40 et une relecture formelle et narrative du premier long métrage d’Orson Welles à travers la vie de son scénariste.
Le film s’inspire de la structure narrative de Citizen Kane et repose principalement sur des flash-back. Toutefois, dans Mank, le personnage éponyme ne meurt pas au début du film: il est alité, profondément alcoolique, et chargé de terminer le scénario commandé par Welles dans les plus brefs délais. Au fil de son avancée dans la rédaction, des scènes de son passé sont données à voir au spectateur, relatant notamment ses échanges compliqués avec le producteur Louis B. Meyer ou son rapport ambivalent au richissime William Randolph Hearst, dont il s’inspire pour inventer le personnage de Kane, et à la jeune amante de celui-ci, la starlette Marion Davies.
Mank s’efforce ainsi de relire l’histoire du protagoniste du film de Welles au prisme, d’une part, de la personnalité de son modèle, un puissant milliardaire entièrement dévoué au succès de sa protégée, et, d’autre part, du rejet par Mankiewicz de tout ce que cet homme (duquel il a toutefois été proche) et ses convictions politiques représentent à ses yeux.
La réalisation de Fincher se met également au service de cet hommage à Citizen Kane: servi par un magnifique noir et blanc, le long métrage mime certaines habitudes de mise en scène de Welles, notamment avec des plans à la composition élaborée jouant sur une grande profondeur de champ, et va jusqu’à reproduire à l’image la texture de la pellicule de l’époque - et ce, bien qu’il ait été tourné en numérique. Le film pourrait frôler le pastiche, mais Fincher y insuffle ses talents de monteur, offrant au récit un rythme efficace, et de directeur d’acteurs - Gary Oldman est brillant en scénariste désabusé, Amanda Seyfried pleine de justesse en jeune star moins superficielle qu’il n’y paraît.
En définitive, Mank est un film de cinéphile passionné, qui reproduit avec minutie l’ambiance et les personnalités du Hollywood de l’époque. Si le récit peut sembler difficilement accessible pour un spectateur non initié aux dessous de l’industrie filmique des années suivant le krach boursier de 1929, celui-ci y trouvera son compte en admirant le somptueux travail formel accompli par le cinéaste.
Noé Maggetti
Nom | Notes |
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Noé Maggetti | 16 |