Je veux juste en finir

Affiche Je veux juste en finir
Réalisé par Charlie Kaufman
Titre original I’m Thinking of Ending Things
Pays de production USA
Année 2020
Durée
Musique Jay Wadley
Genre Drame,
Distributeur Netflix
Acteurs Toni Collette, Jesse Plemons, Jessie Buckley
Age légal 13 ans
Age suggéré 13 ans
N° cinéfeuilles 841
Bande annonce (Allociné)

Critique

Un peu lente, un peu longue, mais dotée d’acteurs au talent indéniable et d’une ambiance particulière, cette réalisation fera peut-être penser à certains spectateurs qu’ils veulent «juste en finir» mais devrait en emporter d’autres dans son absurdité un peu glauque.

Une jeune femme se livre à un voyage en voiture sur des routes enneigées avec son petit ami Jake (duquel elle aimerait, comme le titre l’indique, se séparer) dans le but de rencontrer les parents de ce dernier, qui habitent une ferme reculée. Cette visite, à première vue innocente, prend toutefois une tournure inattendue lorsque des événements étranges surviennent.

Ce résumé paraît bien cliché, et pourtant, ceux qui ont lu l’effrayant roman de Iain Reid dont est tiré ce long métrage sauront que l’histoire de ce couple embarqué dans une situation des plus saugrenues est plus intéressante que les simples prémices essoufflées du genre horrifique. Du moins dans les pages où elle est née, car sa retranscription cinématographique n’est pas aussi convaincante. Ou plutôt, elle choisit d’adopter un ton différent, qui peut dérouter ou décevoir les attentes. En effet, Charlie Kaufman, le réalisateur, semble avoir enlevé tous les éléments sinistres du récit (à l’exception de la séquence se déroulant à la ferme familiale, qui diffuse un sentiment de malaise grandissant sans que l’on sache exactement pourquoi - et notamment grâce à Toni Collette, qui, après Hérédité, s’illustre à nouveau dans un rôle inquiétant) pour ne pas faire un film d’épouvante mais un drame quelque peu surréaliste.

Paradoxalement, la charge émotionnelle qui se bâtissait en parallèle de la dimension horrifique romanesque, pour créer un véritable crève-cœur dans les ultimes moments, disparaît elle aussi dans la version filmique. Le caractère «art et essai» privilégié par Kaufman, conférant à la réalisation une belle esthétique et une atmosphère travaillée et enveloppante, est trop prégnant dans le dernier tiers, qui perd de sa puissance et en devient presque incompréhensible. Je me demande en effet ce que les spectateurs qui n’ont pas eu l’occasion de se plonger dans le roman (et ne connaissent pas la comédie musicale Oklahoma!) comprendront de la fin… Ils pourront sûrement se reconnaître dans ces paroles prononcées par le père de Jake: «Je me sens confus.»

Cependant, le jeu des acteurs (surtout de Jessie Buckley, qui incarne l’héroïne dépourvue de prénom) est très bon et ils arrivent à nous captiver lors des scènes de dialogue dans la voiture, où il ne se passe pourtant… pas grand-chose. S’y révèle alors la dimension très intellectuelle de l’œuvre, parsemée de citations, de références, de concepts scientifiques, philosophiques ou encore artistiques. Ce qui pourrait passer pour prétentieux se révèle finalement un plus et participe à l’ambiance si spéciale se dégageant de ce récit, qui reste tout à fait agréable à regarder si on n’a pas le point de comparaison littéraire. Son aspect psychologique est également intéressant, se concentrant sur le temps qui passe, sur la jeunesse perdue et sur les regrets qui nous hantent. Le film offre par ailleurs une réflexion sur l’identité et sa malléabilité: change-t-on face au regard des autres, ou reste-t-on soi-même quoi qu’il arrive? En résumé, cette réalisation ne plaira pas à tout le monde mais ceux qui apprécient les œuvres au tempo plutôt lent et à l’atmosphère chargée de mystère et teintée d’absurde devraient tenter l’expérience. Et bien sûr, lire le roman d’Iain Reid ensuite.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 14