La Daronne

Sur un mode léger, cette comédie policière fait la part belle à l’humain et à sa débrouillardise.

Ce film est adapté du roman éponyme de Hannelore Cayre, inspiré par le parcours de ses propres parents et couronné en 2017 par le Prix du polar européen et le Grand Prix de littérature policière. Le scénario original suit, le temps d’une enquête, une femme interprète judiciaire. Son rôle est de traduire les conversations téléphoniques de membres de réseaux filés par la police et, parfois également, d’être présente lors d’interrogatoires. La spécialité de Patience Portefeux, veuve dans la cinquantaine, c’est l’arabe, fort utile à la brigade des stupéfiants.

Là où tout se complique, c’est lorsque Patience, très liée à Philippe (Hippolyte Girardot), commandant responsable de l’enquête en cours, comprend que l’un des malfrats suspectés et en voie d’être interpelés en flagrant délit, n’est autre que le fils de Khadidja (Farida Ouchami), aide-soignante marocaine dévouée qui prend soin de sa mère placée dans un établissement pour personnes âgées. Aussi, pour déjouer l’opération de police prévue, Patience prévient-elle Khadidja et se met à jouer un tout autre rôle que celui d’interprète. Au point que dans le milieu, on se met à parler de la mystérieuse «Daronne» qui aurait beaucoup de «marchandise» à écouler…

Isabelle Huppert s’est glissée avec naturel, mais sans surprendre, dans ce personnage à deux faces qui, d’une certaine manière, trahit son propre déséquilibre. Quelques clichés émaillent l’intrigue policière qui s’allège via l’humour au fil de son déroulement. C’est notamment la gentille mère marocaine versus le fils dealer, la concierge chinoise de l’immeuble peu regardante, deux petits dealers (pieds nickelés) versus des trafiquants gros bras. Mais tout cela n’est pas bien méchant et suggère combien les relations, quelles qu’elles soient - amoureuses ou affectives - peuvent influencer une enquête, voire la détourner.