Petite soeur

Affiche Petite soeur
Réalisé par Stéphanie Chuat, Véronique Reymond
Titre original Schweisterlein
Pays de production SUISSE
Année 2020
Durée
Musique Christian Garcia-Gaucher
Genre Drame
Distributeur Vega
Acteurs Jens Albinus, Nina Hoss, Lars Eidinger
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 840

Critique

Après le documentaire Les Dames en 2018, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond reviennent à la fiction avec ce film délicat et touchant, tourné entre Berlin et Leysin. Elles nous parlent d’amour fraternel, de maladie et de théâtre en s’appuyant sur une belle mise en scène et une fabuleuse interprétation.

L’excellente Nina Hoss (vue chez Christian Petzold, Volker Schlöndorff ou dans la série Homeland) interprète le rôle principal. Celui de Lisa, une auteure et dramaturge allemande en plein cas de conscience, qui a renoncé à sa carrière non seulement pour suivre son mari qui dirige une prestigieuse école internationale en Suisse, mais surtout pour prendre soin de son jumeau Sven (Lars Eidinger), célèbre acteur de la Schaubühne de Berlin, atteint d’une grave leucémie. Au risque de compromettre sa propre vie privée, elle se consacrera entièrement à son frère, au fil des soins médicaux, des errances, des espoirs et des rechutes de Sven; qui, lui, ne rêve que d’une chose: remonter sur scène à tout prix et reprendre son Hamlet, ce qui, compte tenu de son état de santé et de l’énergie qu’exige le rôle, est une folie.

Certes, ces thèmes de l’amour, du sacrifice, de l’espoir et de l’attitude face à la maladie ont déjà été traités à plusieurs reprises. Si le scénario n’est, de ce point de vue, pas révolutionnaire, il est toutefois d’une grande finesse et relevé de plans au plus près des personnages, faisant la part belle aux silences, aux visages et aux situations. En effet, la mise en scène, très souvent réalisée caméra à l’épaule, permet une immersion bienvenue dans les pensées des protagonistes. Une utilisation sensible et intelligente des paysages et de la musique en accentue encore l’émotion. Le film nous offre également un beau discours sur le théâtre et les états d’âme de ceux qui le pratiquent; rappelons que les deux réalisatrices sont aussi comédiennes.

La grande idée est le choix de Lars Eidinger, qui présente de nombreux points communs avec son personnage. Son prénom scandinave, son absolue démesure, son aura mythique et son statut de vedette de la Schaubühne. Entre parenthèses, les amateurs de théâtre seront ravis de découvrir plusieurs séquences tournées dans les coulisses de la célèbre institution berlinoise. Rappelons que, depuis plusieurs années, Eidinger affole littéralement les scènes européennes par ses interprétations dans les créations de son complice Thomas Ostermeier (qui apparaît également dans le film, quasiment dans son propre rôle). Le passage à Lausanne de leur Richard III, il y a deux ans, fut «the» événement culturel régional après avoir également été le spectacle à ne pas manquer dans la cour d’honneur du Palais des Papes à Avignon.

Signalons encore que Petite Sœur sera envoyé par la Suisse à Hollywood, afin de la représenter lors des futurs Oscars. Il ne s’agit pas d’une première pour les réalisatrices, leur succès La Petite Chambre en 2010 s’étant déjà exporté dans de nombreux festivals internationaux. On souhaite bonne chance à toute l’équipe du film, l’honneur est mérité!


Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 16
Sabrina Schwob 14
Georges Blanc 13