T'as Pécho ?

On se régale par avance de lire certaines futures critiques qui nous parleront sans doute de « démonstration drôle et sans concessions des affres de l'adolescence » ou de « peinture sensible de la puberté ». La vérité est que T'as pécho ? est dans l'ensemble tel que son titre le faisait craindre et ne provoque guère plus que des rires nerveux et des somnolences.

Arthur et sa petite bande de potes sont des losers de 15 ans qu'aucune fille ne regarde. Il est secrétement amoureux de Ouassima qui, elle, sort avec le beau gosse de l'école. Les garçons vont engager Ouassima, au prix de 10 euros la séance, pour qu'elle leur donne des cours de péchotage (nom commun tiré du verbe « pécho », verlan de « choper », donc « séduire » une fille). Mais quand l'amour s'en mêle... Parallèlement, tous ces jeunes se débattent avec des problèmes d'ego, des parents encombrants et des résultats scolaires aléatoires.

Peut-être les jeunes de 15 ans se sentiront-ils concernés. Mais à 16, c'est fini ! L'histoire aligne les langages sms, les clichés sur les parents et les profs, les réactions naïves de garçons timides (mais pas que...) face à des filles sûres d'elles et parfois pimbêches (mais pas que...). Les quiproquos et les outrances s'enchaînent pendant une bonne heure, et finissent rapidement par lasser. Alors c'est vrai, les choses s'améliorent nettement sur la fin. On peut même parler de quelques pointes de finesse lorsque la majorité des personnages, de concert avec le scénario, sortent de leurs puérilités respectives et se révèlent enfin tels qu'ils sont vraiment. Le film bénéficie d'un happy end gentillet mais sympa. La mise en scène est ce qu'il y a de plus réussi. Les nombreux moments se passant dans et autour de la piscine sont bien éclairés et bien filmés. Mais que de niaiseries à avaler avant d'en arriver là ! Ce mode d'emploi relationnel reste bien bas de plafond et ne nous donne pas, mais alors pas du tout, envie de retrouver nos 15 ans.

Côté interprétation, les jeunes (surtout les garçons) sont plutôt fades. Certes, cela colle avec leurs personnages mais la photogénie ne saute pas aux yeux. Etonnamment, les adultes, qui sont bien sûr des personnages secondaires, ne sont pas aussi crétins et largués que dans plusieurs de ces comédies familiales où les ados sont à l'honneur. Même Ramzy et Vincent Macaigne sont sobres, c'est dire !