Greta

Affiche Greta
Réalisé par Neil Jordan
Titre original Greta
Pays de production U.S.A., Irlande
Année 2018
Durée
Musique Javier Navarrete
Genre Thriller
Distributeur Ascot-Elite
Acteurs Isabelle Huppert, Stephen Rea, Colm Feore, Chloë Grace Moretz, Maika Monroe, Zawe Ashton
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 813
Bande annonce (Allociné)

Critique

Lorsque Frances (Chloë Grace Moretz) retrouve un sac à main abandonné dans le métro, c’est tout naturellement qu’elle décide de le rendre à sa propriétaire, une femme plus âgée du nom de Greta (Isabelle Huppert). La jeune fille, qui vient de perdre sa mère et d’emménager à New York avec une amie (Maika Monroe), noue un lien avec cette intrigante femme, qui a quant à elle «perdu» sa fille, partie étudier le piano au Conservatoire de Paris. Pensant avoir trouvé en Greta une figure maternelle de substitution, Frances se rend cependant vite compte que celle-ci ne lui veut pas que du bien…

La perspective de se voir confronté à un stalker, de se faire harceler et épier dans ses moindres gestes est une peur de plus en plus représentée et susceptible de toucher un large public. Ce qui est certainement le plus effrayant est que, contrairement aux zombies ou autres vampires (thème que le réalisateur Neil Jordan connaît plutôt bien, ayant mis en scène Entretien avec un vampire et plus récemment Byzantium), le risque est bien réel et de plus en plus plausible grâce aux réseaux sociaux et à nos nouveaux modes de vie connectés. L’argument de Greta est ainsi propice à donner des frissons de stress et y réussit tout à fait, car l’on s’identifie sans peine au personnage de Frances, que sa gentillesse et son innocence (d’ailleurs exprimées par sa garde-robe fleurie) embarquent dans un tourbillon de perversité. Son amie et colocataire, Erica, le lui fait d’ailleurs remarquer : New York et sa dimension de ville sans pitié finiront par l’engloutir.

 Ceci constitue un élément mitigé du film: il montre la Grande Pomme - mégapole par excellence, elle représente ici toutes les grandes villes - comme un endroit où l’on peut facilement se noyer, que ce soit dans la foule ou dans ses problèmes, ou se faire dévorer par divers facteurs, aussi bien par ses démons intérieurs que par une psychopathe. On en viendrait presque à compatir avec Greta malgré ses agissements troubles, elle qui est d’abord présentée comme une femme désemparée face à l’absence de sa fille et à la mort de son mari. Mais ensuite (sans trop en révéler), le réalisateur choisit de faire du personnage de Greta une femme simplement folle, ce qui est vraiment dommage car elle y perd en subtilité et l’idée esquissée au début du film qui voudrait que la solitude, le désœuvrement et la relative pauvreté mènent au désespoir et à la folie passe ainsi à la trappe.

Cette révélation de folie intrinsèque s’accompagne d’un dernier acte un peu moins réussi, tout y étant exagéré: les effets sonores (déjà très marqués et un peu lourds dans la première partie), le jeu d’Isabelle Huppert (que l’on ne peut pas trop blâmer, le personnage en lui-même devenant de plus en plus caricaturalement dingue), et la noirceur de l’intrigue. Mais on peut tout de même saluer le style visuel travaillé et accrocheur, l’emploi malicieux de la musique intra- et extradiégétique, et les personnages de Frances et Erica, qui constituent un point fort du film: on s’y attache très vite et l’on ressent la présence menaçante et envahissante de Greta à travers elles, ce qui tient aussi beaucoup au jeu convaincu des actrices. En résumé, Greta n’est pas un thriller des plus originaux mais reste tout du moins efficace, entraînant le spectateur dans son intrigue vénéneuse, même si le dernier tiers risque de le laisser plus perplexe.


Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 14