The Dead Don't Die

Affiche The Dead Don't Die
Réalisé par Jim Jarmusch
Titre original The Dead Don't Die
Pays de production U.S.A.
Année 2019
Durée
Genre Comédie, Epouvante-horreur
Distributeur Universal
Acteurs Danny Glover, Tilda Swinton, Chloë Sevigny, Steve Buscemi, Bill Murray, Adam Driver
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 813
Bande annonce (Allociné)

Critique

Centerville, une petite bourgade banale des Etats-Unis, son motel, son diner, ses trois agents de police. Une étrange perturbation climatique, et soudain, les morts reviennent à la vie. Dans cette comédie horrifique rappelant tant Shaun Of The Dead (Edgar Wright, 2004) que certains films des frères Coen, le réalisateur américain Jim Jarmusch propose une relecture réussie des codes des films de zombies.

Pour interpréter les habitants de sa ville, le cinéaste fait appel à un casting somptueux, composé en bonne partie de certains de ses complices de longue date: Adam Driver, très drôle en jeune agent de police maladroit, Bill Murray, brillant dans le rôle du collègue de celui-ci, ou encore Tilda Swinton, glaçante en responsable des pompes funèbres de Centerville. Notons également certains seconds rôles surprenants, comme Selena Gomez jouant une touriste égarée ou Iggy Pop, un zombie accro au café.

 Comme toujours chez Jarmusch, la photographie est très maîtrisée, et se met au service d’un hommage réussi aux films de zombies, mais également à l’imaginaire plus large du cinéma horrifique. La relecture du plan iconique d’une main traversant le sol du cimetière, les voitures rétro désignées par les personnages comme rappelant les films de George A. Romero, mais aussi la présence de posters de différents films de genre et d’un T-shirt à l’effigie du Nosferatu de Murnau sont autant d’éléments qui font le charme nostalgique de ce long métrage hyper-référencé. Les réactions des personnages sont également conditionnées par leur propre connaissance des films de morts-vivants: il n’est de fait pas étonnant que la référence en termes d’élimination de cadavres ambulants soit le geek du coin, employé à la station-service.

En découle une grande autoréflexivité, qui se manifeste par ailleurs par la déconstruction de la forme filmique au sein des dialogues. En effet, à plusieurs reprises, les personnages affirment explicitement être conscients de faire partie d’une représentation cinématographique: le policier interprété par Adam Driver dit à son collègue que la chanson «The Dead Don’t Die» de Sturgill Simpson, qui sert de leitmotiv au long métrage, lui semble familière parce qu’il s’agit de la musique du film; il prétend également savoir que l’histoire va mal finir parce qu’il a lu le script. Ces moments de brisure du quatrième mur sont parfois amusants, mais sont dans l’ensemble superflus, la dimension autoréflexive étant suffisamment appuyée par l’omniprésence de références au cinéma d’épouvante.

En définitive, The Dead Don’t Die ne révolutionne pas le genre du film de morts-vivants, mais propose une relecture sympathique de ses codes tout en diffusant par touches un propos politique sur la «zombification» de la population par les smartphones, le manque de considération pour les petites villes américaines ou les mensonges diffusés par les médias. Le film, projeté en ouverture du Festival de Cannes, a également le mérite de remettre au premier plan le cinéma de genre, souvent boudé par les manifestations internationales.


Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 16
Serge Molla 14
Sabrina Schwob 15