Les Estivants

Affiche Les Estivants
Réalisé par Valeria Bruni Tedeschi
Titre original Les Estivants
Pays de production France
Année 2018
Durée
Musique Paolo Buonvino
Genre Comédie dramatique
Distributeur Agora
Acteurs Valeria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky, Valeria Golino, Pierre Arditi, Yolande Moreau, Laurent Stocker
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 805
Bande annonce (Allociné)

Critique

Actrice franco-italienne (dans plus de septante films, dès 1985, avec une bonne douzaine de Prix d’interprétation), Valeria Bruni Tedeschi tente de mener en parallèle une carrière de réalisatrice.

Dans son premier film Il est plus facile pour un chameau… (2002) la cinéaste parlait de sa vie personnelle, de celle de sa famille (fortunée) et de son installation en France. Une forme de réflexion sur soi et d’autoportrait, un tableau de sa vie sentimentale et de son passé. Cinq ans plus tard elle réalise Actrices où elle incarne une comédienne de théâtre souvent à la limite de l’hystérie et hantée par les rôles qu’elle doit tenir sur scène: la démarche est identique, centrée sur elle-même, le film partant cependant dans plusieurs directions. Un peu comme Un Château en Italie (2013), nouvelle fiction autobiographique «faite d’amours contrariées et tumultueuses, un film choral mettant les interprètes en valeur, mais on se lasse assez rapidement d’un certain nombrilisme» (Daniel Grivel, CF n. 681/2, p. 25).

 Rebelote avec son quatrième film, Les Estivants : même milieu social et familial, même retour sur soi-même. Le spectateur n’éprouve pas un intérêt évident à l’évocation de multiples événements qui se limitent le plus souvent à une expression orale de souvenirs, à des récits dépourvus de vie réelle sur l’écran.

On se trouve dans une riche demeure, sur la Côte d’Azur, une propriété qui apparaît comme construite à l’écart du monde. Anna (Valeria Bruni Tedeschi) y débarque avec sa fille de 10 ans, Célia (Oumy Bruni Garrel - la propre fille adoptive de Valeria Bruni Tedeschi, d’origine sénégalaise) pour quelques jours de vacances. Anna doit à la fois gérer la récente séparation d’avec son mari Luca (Riccardo Scamarcio), s’occuper de sa fille Célia et préparer l’écriture du prochain film qu’elle doit tourner et qui parle du décès de son frère Virginio (Valeria Bruni Tedeschi a elle-même perdu un frère en 2006). Au cours des réunions familiales et des repas pris avec les amis et les collègues engagés dans le tournage apparaissent des secrets et des rires, des colères et des rapports de domination, des peurs et des non-dits. Chacun semble devoir se débrouiller avec les problèmes et les mystères de sa propre existence.

Et le reste du monde? Simplement occulté. On se bouche les oreilles, on se voile la face, on ignore l’extérieur. La règle du jeu ? Chacun pour soi. On découvre assez vite - et Valeria Bruni Tedeschi le dit clairement - qu’elle cherche elle-même, en réalisant des films, à donner un sens à sa propre vie: «Le cinéma me permet de remettre de l’ordre dans les événements fondateurs et décisifs de mon existence».

Voilà pour l’objectif recherché. La Côte d’Azur est certes très belle, les acteurs font preuve de talent, mais tout ce monde d’«estivants» n’emporte pas notre adhésion et l’on a parfois du mal à comprendre où la cinéaste veut en venir. Si le traitement formel du film est correct (sans plus), le cheminement est long (plus de deux heures) et l’on aurait souhaité davantage d’originalité dans l’écriture et un montage plus serré dans l’approche de tous les événements évoqués.


Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 11
Sabrina Schwob 9