Réalisé par | Pawel Pawlikowski |
Titre original | Zimna Wojna |
Pays de production | Pologne, Grande-Bretagne, France |
Année | 2018 |
Durée | |
Genre | Drame, Romance |
Distributeur | Filmcoopi |
Acteurs | Jeanne Balibar, Cédric Kahn, Joanna Kulig, Agata Kulesza, Tomasz Kot, Borys Szyc |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 798 |
Prix de la Mise en scène au Festival de Cannes
Le réalisateur d’Ida remet en scène la Pologne des années communistes. Cold War n’est pas un film politique, mais celui d’un amour fou dans un décor glacé.
Pawel Pawlikowski dédie ce nouveau chef-d’œuvre à ses parents. Né en 1957, il gagne l’Angleterre avec sa mère à l’âge de 14 ans et ne vivra pas la chute des régimes communistes. C’est juste après qu’il se lance dans le cinéma, en réalisant des documentaires pour la BBC. Et c’est après son retour en Pologne qu’il réalise cette œuvre splendide qu’est Ida (2013). Après elle vient Cold War, un film intense.
L’histoire commence en 1949, dans la Pologne communiste. Wiktor et Irena, respectivement pianiste et musicologue, accompagnés d’un bureaucrate du parti, parcourent la campagne afin d’y collecter le patrimoine musical le plus pur. Installés dans un ancien palais, ils auditionnent les jeunes chanteurs et danseurs dont les meilleurs vont constituer un groupe folklorique de renom. Tout de suite, Wiktor repère Zula. Ce sont des caractères forts. L’amour qui naît entre eux ne connaîtra pas de répit, d’autant plus violent qu’il est constamment contrecarré. Tandis que Wiktor passe à l’Ouest à la faveur d’un concert à Berlin, Zula n’ose pas le suivre car elle n’est pas sûre de parvenir à s’y réaliser. Il faudra dès lors une patience infinie pour se retrouver, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, jusqu’à ce qu’elle franchisse à son tour le rideau de fer. Mais rien n’est simple, ni facile et les aspirations du couple se heurtent à la désillusion. Elle, lui, moi, toi, ici, là-bas, tout est flou. L’épilogue, avec son superbe dernier plan, n’arrivera qu’en 1964.
Le réalisateur polonais fait tenir en moins d’une heure trente les quinze ans que dure son récit en donnant une grande force à l’ellipse. Le hors champ est étroitement lié aux séquences par des indices ténus, l’imagination du public se charge de faire le reste. Tout dans ce travail est soumis à une implacable rigueur.
Revoici le cadre presque carré qui prévalait dans Ida. Revoici ce noir et blanc splendide qui donne tant de profondeur à l’image; des séries de plans fixes se lisent comme des photos souvenirs. Mais ce noir et blanc a aussi valeur d’expression tant il met en gris la Pologne communiste. L’amour qui attache Wiktor et Zula est rendu impossible par l’arrière-plan politique et son histoire est aussi celle d’une population écrasée - comme dans tous les pays de l’Est - par une dictature.
Il y a donc un écho entre les sentiments d’un couple et l’enfermement d’un peuple. Il se perçoit, par exemple, à travers la musique. Le patrimoine musical de l’Est, surexploité, figé en folklore et petit à petit bouffi de louanges au «bien-aimé Staline» butte contre l’émancipation du jazz joué dans les bars parisiens.
En fin de compte, Pawlikowski resserre son propos sur Wiktor et Zula pour confirmer ce qui hante leurs sentiments dès le début. Où connaître le bonheur, est-ce à l’Est ou à l’Ouest? Où se trouve la liberté? Lorsqu’on est à ce point contrarié dans ses aspirations, ne risque-t-on pas d’idéaliser l’ailleurs? Chez Wiktor et Zula, l’amour ne semble s’épanouir que dans la séparation, lorsqu’ils peuvent remodeler leurs rêves, leurs espoirs et que chacun des deux se laisse fondre dans le désir de se retrouver. Leur prise de conscience orientera le dénouement du film.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 18 |
Serge Molla | 20 |
Sabrina Schwob | 18 |
Georges Blanc | 15 |