Woman at War

Affiche Woman at War
Réalisé par Benedikt Erlingsson
Titre original Kona fer í stríð
Pays de production Islande, France, Ukraine
Année 2018
Durée
Musique Davíd Thór Jónsson
Genre Comédie
Distributeur Filmcoopi.
Acteurs Davíd Thór Jónsson, Halldora Geirhardsdottir, Jóhann Sigurðarson, Magnús Trygvason Eliassen, Ómar Guðjónsson, Iryna Danyleiko
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 795
Bande annonce (Allociné)

Critique

Projeté à la Semaine de la critique cette année à Cannes, Woman at War, deuxième long-métrage du cinéaste islandais Benedikt Erlingsson, s’inscrit dans la lignée d’Erin Brockovich (2000), le fameux film de Steven Soderbergh. Halla (Halldóra Geirharðsdóttir), la cinquantaine, se bat contre un géant de l’alluminium pour préserver les sublimes paysages qui peuplent sa terre.

Conte écologiste, comédie, film d’enquête, Woman at War jongle entre les genres et assume son hétéroclisme par un ton décalé. Formellement modeste, le film fourmille pourtant d’idées réjouissantes. On notera l’inscription des musiciens, compositeurs visibles de la bande originale, tant dans le récit que dans le cadre: sans doute une manière habile de faire de l’artiste un activiste en soutien de l’héroïne. Le typage des personnages est lui aussi intéressant. Présentant Halla et sa sœur comme deux femmes célibataires, impliquées dans des démarches d’adoption, professeure de chant pour la première, de yoga pour la seconde, le film dévoile un féminisme bienvenu où le courage et la liberté font office de valeurs cardinales. C’est qu’Halla tient Nelson Mandela et Gandhi pour modèles, tous deux affichés fièrement au mur de son appartement. Elle ira même jusqu’à porter un masque du dirigeant sud-africain pour voiler son identité lors d’une poursuite avec les forces policières. Idée politique et humoristique, ce double motif se répète lorsqu’un jeune touriste sud-américain, pris pour coupable, se fait arrêter à trois reprises, donnant à voir un gag qui se rejoue et tord le cou à l’imagerie pacifique à laquelle on voudrait parfois assimiler l’Islande. Quant au pan écologique du film, il frappe juste, tout en restant ludique. Face à des technologies militaires telles que le drone, Halla répond par un équipement rudimentaire, composé d’un unique câble télescopique, et une roublardise à tout rompre, comme lorsqu’elle se réfugie sous la peau d’un mouton mort pour dissimuler une nouvelle fois son identité. Joignant la parole aux actes, écologique même dans sa démarche, l’héroïne sectionne les câbles électriques afin d’arrêter la production de la multinationale. Ces actions simples et spontanées sont un moyen d’affirmer que le militantisme est à la portée de tous. Enfin, par un twist final subtil, le film parvient à rajouter une pierre à son édifice, faisant de la solidarité une condition obligatoire à toute forme de contestation.

Au sujet d’une actualité on ne peut plus brûlante, Woman at War propose un regard rafraîchissant et rappelle par la même occasion que le désir d’émancipation est porteur de pouvoirs insoupçonnés. Libre à chacun de nous de leur donner vie.


Appréciations

Nom Notes
15
Serge Molla 16
Sabrina Schwob 16
Georges Blanc 16