Réalisé par | Yoji Yamada |
Pays de production | Japon |
Année | 2013 |
Durée | |
Genre | Drame |
Distributeur | trigonfilm |
Acteurs | Kazuko Yoshiyuki, Yui Natsukawa, Yû Aoi, Masahiko Nishimura, Isao Hashizume, Satoshi Tsumabuki, Tomoko Nakajima, Shozo Hayashiya |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 700 |
Soixante ans après Ozu, Yoji Yamada reprend le chef-d’œuvre du maître. Il en fait un film profond, baigné de douceur.
En 1953, le maître du cinéma japonais, Yasujiro Ozu, a réalisé Tokyo Monogatari (Le voyage à Tokyo), racontant la visite d’un couple âgé à ses enfants. Yoji Yamada (The Twillight Samouraï, 2002, Love and Honor, 2006) a travaillé comme jeune assistant lors de ce tournage. Agé aujourd’hui de quatre-vingts deux ans, il rend hommage à son maître disparu cinquante ans plus tôt, en reprenant presque telle quelle l’intrigue de ce film considéré comme le chef-d’œuvre d’Ozu.
Shukichi et Tomiko (Isao Hashizume et Kazuko Yoshiyuki) vivent depuis leur mariage sur une île près de Hiroshima. Se voyant vieillir, ils décident d'aller trouver leurs enfants, établis à Tokyo, qu’ils n’ont plus vus depuis longtemps. Ils font irruption dans la vie de leurs aînés très occupés entre leurs affaires et leurs enfants. Quant au cadet, Shuji (Satoshi Tsumabuki), il est l’enfant terrible, artiste, distrait, vivant difficilement comme accessoiriste de théâtre; ses relations avec son père sont tendues.
Soixante ans ont passé depuis la première version de ce long métrage. Yamada les prend en compte. Tokyo ne vit plus dans le souvenir de la guerre, par contre le désastre de Fukushima est très présent. La capitale japonaise s’est développée, modernisée, minéralisée. Surtout aux yeux du couple de parents habitués à une campagne immuable et qui, faute d’enfants disponibles, se retrouve rapidement livré à lui-même dans la capitale.
Dès lors, le propos de l’œuvre rejoint celui de Tokyo Monogatari. L’analyse approfondie d’une famille, de ses liens, des préjugés qui blessent son unité, de la dépendance entre ses membres. Cependant, en l’adaptant à l’époque contemporaine, Yamada y introduit l’idée que, si tout évolue autour des êtres, leurs relations, elles, ne changent pas. Ni leur besoin d’amour, plus ou moins masqué par une vie trépidante.
Une autre préoccupation du réalisateur est ici très présente, c’est la confrontation permanente, si spécifique au Japon, entre les codes de la tradition et l’occidentalisation de la société. Malgré l’ambiance survoltée qui submerge ses protagonistes, il montre des quartiers de Tokyo où les jardinets classiques, les fleurs qui accueillent le visiteur sont toujours très soignés, même s’il faut courir pour trouver le temps de déjeuner. Les tatamis, la table basse devant laquelle on partage un thé assis par terre sont des constantes. Par-dessus tout, Yamada rappelle que les règles de vie sont loin d’être souples; qu’elles se distendent et c’est l’affection familiale qui le paie.
Il est d’ailleurs étonnant que, peignant une société aussi dure que celle du Japon, Yamada réussisse à créer une atmosphère toute empreinte de douceur et de tranquillité. La sérénité qui s’en dégage émane de certains personnages – forcément les plus sensibles; des paysages aussi qui semblent réconcilier l’homme avec la nature et lui donner le repos auquel il aspire. Elle émane aussi d’une esthétique sobre, qui fait parler les images. Pour savoir traduire les soucis, les angoisses avec autant de délicatesse, Tokyo Family est exemplaire.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 15 |
Daniel Grivel | 15 |
Georges Blanc | 14 |