The Lunchbox

Affiche The Lunchbox
Réalisé par Ritesh Batra
Pays de production Inde, France, Allemagne
Année 2013
Durée
Musique Max Richter
Genre Romance
Distributeur filmcoopi
Acteurs Irrfan Khan, Nimrat Kaur, Nawazuddin Siddiqui, Denzil Smith, Bharati Achrekar
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 693
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le cinéma indien, ce ne sont pas seulement des productions de Bollywood. Ce sont aussi des films d'auteur, indépendants. The Lunchbox est du nombre et a ravi le public de la Semaine de la critique à Cannes cette année. Un vrai régal aux saveurs exotiques.

Le «lunchbox» (dabba en hindi), c'est littéralement la boîte à repas, quelques petites gamelles métalliques maintenues empilées grâce à deux tringles, remplies d'aliments cuisinés par des femmes au foyer à l'intention de leurs maris employés de bureau en ville de Bombay. Le système de livraison est phénoménal: il est assuré par une communauté de 5'000 Dabbawallahs exerçant ce métier héréditaire qui, chaque matin, portent 4 millions de gamelles emballées dans un étui isotherme et les rapportent vides l'après-midi. Depuis 120 ans, ils approvisionnent les habitants de Bombay, leur apportant un peu de goût «maison» à leur travail. Illettrés, ils recourent à un système complexe de couleurs et de symboles pour un acheminement sans erreur, qui a été analysé et certifié par des spécialistes de Harvard.
Or, voici qu'une erreur, précisément, donne lieu à l'histoire joliment racontée par Ritesh Batra. Chaque matin, la ravissante Ila (Nimrat Kaur), conseillée à distance par la vieille voisine du dessus que l'on ne verra jamais, se met en quatre pour préparer de succulents repas à l'intention de son mari Rajeev (Nakul Vaid), dont elle attend en vain des compliments à son retour du travail. Et pour cause! Ses délices sont aiguillés par erreur vers Saajan Fernandes (Irrfan Khan), comptable veuf qui va prendre sa retraite. Ne reconnaissant pas la «tambouille» qui lui était livrée d'habitude, il glisse un petit mot dans la boîte. Ila lui répond, et il s'ensuit une relation épistolaire laconique mais grâce à laquelle les deux inconnus apprennent progressivement à connaître l'autre et à se connaître, sans se voir. Le regard a justement beaucoup d'importance dans le récit: on voit beaucoup Rajeev qui, tournant le dos au spectateur, cache sa famille attablée, est hypnotisé par le petit écran et ne voit pas Ila - qui ne tardera pas à découvrir que son mari a une liaison. Elle forme alors le projet de fuir avec sa fille au Bhoutan, pays du BNB (bonheur national brut) - ce qui tente Saajan... Un rendez-vous est enfin fixé, auquel le veuf ira, mais sans se faire connaître: avant de s'y rendre, il est allé dans sa salle de bain où il a retrouvé l'odeur de son grand-père; il s'est donc senti (!) trop vieux pour aborder une jeune femme qu'il regarde mais qui, elle, ne le voit pas.
Regard tendre aussi du réalisateur sur ses personnages, la plupart très attachants et jouant avec beaucoup de finesse. Celui de Shaik (Nawazuddin Siddiqui), futur successeur du comptable qui doit le former; de sa femme à la famille pléthorique et pittoresque; de la mère d'Ila; tout un petit monde plein de vie. Le pinceau est manié avec subtilité, humour et émotion ne manquent pas, malgré quelques petites longueurs. On apprend qu'Ila vit à Kandivili, l'enclave conservatrice de la classe moyenne hindoue, tandis que Saajan habite un vieux quartier chrétien menacé par la croissance rapide de Bombay. Par leurs échanges, ils sont tendus entre deux Bombay, l'un réel, l'autre imaginaire. Il leur faudra choisir entre la nostalgie et l'espoir en l'avenir, sans renoncer aux petites joies de la vie qui requièrent notre attention.Et parmi ces joies, bien présentes dans le film, des tas de choses bonnes à manger...

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 17
Georges Blanc 15
Geneviève Praplan 15
Anne-Béatrice Schwab 15