Au bout du conte

Comme toujours, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont collaboré à l’écriture de ce nouveau scénario qui parle beaucoup de superstition, sans s’aventurer au-delà du registre de la comédie. Les personnages sont nombreux et disparates, mais groupés par le hasard d’un amour et de la musique. Commençons par Pierre (Jean-Pierre Bacri), à qui une voyante rappelle sa mort imminente. Son fils Sandro (Arthur Dupont), musicien, se laisse séduire par Laura (Agathe Bonitzer) qui le reconnaît comme l’homme dont elle a rêvé de tomber amoureuse. La jeune fille, issue d’une famille riche et mondaine, prend le temps de souffler chez sa tante (Agnès Jaoui), une comédienne excentrique, voisine d’un critique musical et directeur de festival (Benjamin Biolay).

Filmés par petites touches vives, avec une charmante façon d’aborder les plans, les protagonistes traînent tous leurs heurs et malheurs et voient leurs sentiments bousculés par les superstitions. Un rêve trop beau, un horoscope sombre, un éveil à la religion viennent compenser le vide d’une âme incomprise, mal aimée ou trop fermée à la vie. Agnès Jaoui et son coscénariste tiennent solidement leurs héros très fatigués, s’en amusent avec tendresse, se risquent même à les caricaturer. Sur le fil entre l’humour et le sérieux, Au bout du conte peine toutefois à s’imposer. Trop de papillonnage le retient d’approfondir. Beaucoup de jolis propos - et justes - sont effleurés, la peur de vieillir, la valeur de l’amitié, la fidélité en amour, l’importance du lien familial. Finalement, le couple Jaoui-Bacri opte pour divertir à partir de sujets dont on sait qu’ils les préoccupent. On en ressent forcément de la frustration…