Gnoméo et Juliette

Immortel drame que celui écrit par un inconnu dont on sait qu’il s’appelait William Shakespeare. Drame qui a connu de multiples avatars: pour en rester au cinéma, citons West Side Story. Kelly Asbury, qui a trempé dans Chicken Run, Shrek et Toy Story notamment, a choisi de le transposer dans le monde des nains de jardin... et le résultat est assez hilarant.

A Stratford-sur-Avon (évidemment), un homme et une femme qui furent naguère les époux Montaigu-Capulet, voisinent orageusement dans deux villas mitoyennes dont les jardins sont «ornés» de ces figurines (par ailleurs chères à Amélie Poulain et à un mystérieux Front de libération... au bonnet rouge d’un côté de la haie, bleu de l’autre. Les deux clans sont évidemment animés par une haine réciproque et tout est prétexte à des tours pendables.

Or, voici que la rouge Juliette, jolie comme un cœur, repère sur la serre d’en face une fleur rare qu’elle entreprend de dérober; espionnée par le bleu Gnoméo, elle est sauvée par celui-ci d’une chute qui aurait pu lui être fatale - et crac! c’est le coup de foudre... Les tourtereaux devront-ils cacher leurs sentiments à jamais, parviendront-ils à réconcilier leurs clans respectifs?

Dans le style politiquement incorrect de Shrek, Kelly Asbury opte délibérément pour le kitsch approprié aux nains de jardin, avec des couleurs pétantes, des personnages secondaires déjantés (une grenouille-gargouille chaperonnant Juliette à sa manière, un flamant rose en plastique pleurant sa compagne), des chansons d’Elton John (qui apparaît d’ailleurs tel qu’en lui-même avec ses lunettes roses en forme de cœur... Pas de personnages trop effrayants, sinon un bouledogue bavant à souhait et une monstrueuse tondeuse à gazon, «Terra-Terminator»... Tout est là pour amuser un public de tout âge, à charge pour les plus instruits de repérer les citations du bon vieux Will!