Amore

Affiche Amore
Réalisé par Luca Guadagnino
Pays de production Italie
Année 2009
Durée
Musique John Adams
Genre Drame
Distributeur pathefilms
Acteurs Tilda Swinton, Marisa Berenson, Alba Rohrwacher, Pippo Delbono, Maria Paiato
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 621
Bande annonce (Allociné)

Critique

Milan sous la neige: les gris des immeubles se fondent au gris du ciel. On pénètre dans le palazzo d’une famille de la grande bourgeoisie industrielle lombarde. Les plafonds sont hauts, les tentures cachent toute échappée sur l’extérieur, les salles sont immenses et glaciales. Le cérémonial des repas de famille, rythmé par le ballet parfaitement rodé des serviteurs, n’est pas de nature à réchauffer l’atmosphère. Ici, on respecte les traditions patriciennes d’un autre temps. Dans ce décor austère et glaçant, Emma (Tilda Swinton), impeccable dans ses vêtements griffés et son rôle de «femme de», promène son ennui. Son mari, dont la famille a fait fortune dans le textile, l’a soustraite, en l’épousant, à une vie sans doute modeste et difficile en Russie. Mais il règne en seigneur et maître dans sa maison.

Le quotidien monotone et dénué d’amour d’Emma a de quoi lui donner le bourdon. Jusqu’au jour où elle rencontre Antonio, un ami de son fils aîné, cuisinier solidement ancré dans la terre, qui lui fait goûter les saveurs inventives de sa cuisine et des frissons bien différents de ceux provoqués par les courants d’air de son palais. On glisse, le temps de quelques scènes, dans une sorte de porno chic, qui nous laisse de marbre. On commence même à s’ennuyer autant que la dame. Mais le monde change autour d’elle. En effet, le mari vend les usines de textile dont le grand-père avait fait la fierté de la famille, la fille d’Emma se coupe les cheveux, avoue son amour pour une autre femme et quitte avec joie le nid familial. Emma, complice de sa fille, s’ouvre à son tour à la vie, enfile une parka et des baskets et s’enfuit vers un autre destin, après que son mari lui a jeté un «Tu n’es rien». Elle n’est rien? Elle sera elle. L’actrice Tilda Swinton (Emma) se métamorphose peu à peu sous l’œil de la caméra. Impeccable et lisse au début du film, son visage s’éclaire peu à peu, mû par une joie trop longtemps oubliée. Sa silhouette s’épure, elle est tout entière dans ce visage nu, grave et qui se creuse, sur lequel on ne devine plus le fantôme de l’ancienne grande bourgeoise. On devrait jubiler. On a toujours froid dans son fauteuil. L’émotion n’est pas au rendez-vous, Le film est trop lent, trop long, la musique de l’Américain John Adams est d’un lyrisme envahissant, avec des accents qui annoncent le drame. On s’en fiche, on veut sortir.

Appréciations

Nom Notes
9
Daniel Grivel 9
Serge Molla 9
Geneviève Praplan 12