Critique
Au travers d’un scénario simple, mais non pas simpliste, voici une comédie douce-amère qui vient à point nommé soulever bien des questions sur l’intégration. «On ne nous demandait pas de nous intégrer, mais juste de ne pas déranger.» Dino Fabrizzi, redoutable vendeur de Maserati, promet à son père malade de faire le Ramadan à sa place, avec tout ce que cela implique. Faut dire qu’en réalité Dino (Kad Merad) s’appelle en réalité Mourad Ben Saoud et que cet engagement pourrait mettre sérieusement à mal la fausse identité qu’il s’est construite sur tous les plans, professionnel et affectif. Tout l’intérêt de ce film tient à son sujet et non pas à sa réalisation. On aurait pu craindre une avalanche de clichés, alors qu’apparaissent plutôt des touches délicates sur la religion musulmane et la difficulté de trouver sa place au cœur d’une société où le délit de faciès est rapidement sanctionné. Kad Merad est ici à l’aise et sa famille - père, mère et sœur, complice du secret - est très convaincante. «Il est important de savoir d’où l’on vient», et ce savoir se montre susceptible de conduire l’existence vers plus de profondeur, au-delà même des embûches, lorsque le mensonge - si utile soit-il - cède la place à la vérité qui finalement rend libre.
Note: 13
Serge Molla
