Immortel (L')

Pour son troisième long métrage, Richard Berry a choisi d’adapter le roman éponyme de Franz-Olivier Giesbert. Ce dernier est un journaliste qui a été directeur de l’hebdomadaire Le Point et membre du directoire du Figaro; il est présent sur le petit écran en tant que FOG et a écrit un certain nombre d’essais (dont une biographie controversée de Jacques Chirac) et des romans. L’immortel évoque crûment le milieu marseillais et la coexistence douteuse de la mafia avec certains hommes politiques.

Un peu comme dans LE SECOND SOUFFLE, Charly Mattei (Jean Reno) est un truand qui a tiré un trait sur son passé et se rachète une conduite en famille. Malgré lui et à son corps (non) défendant, il se retrouve criblé de 22 balles dans un parking souterrain du Vieux-Port. Il gagne son nouveau surnom en s’en tirant miraculeusement (Notre-Dame de la Garde ne veille-t-elle pas sur la cité phocéenne?...) et se retrouve entraîné dans une sombre histoire de vengeance personnelle: le commanditaire de son assassinat manqué n’est autre que Tony Zacchia (Kad Merad) à qui il avait cédé son «affaire» à condition qu’il ne trafique pas de drogue. Trahi par son héritier qui, lui, ne respecte rien, l’Immortel va son petit bonhomme de chemin, le semant de cadavres portant sa signature, une balle dans la tête et une dans le cœur.

Dans la vraie vie, FOG se déclare végétarien par conviction - mais, dans ses polars (voir Le Lessiveur, suite du premier), il ne dédaigne ni la viande froide ni les torrents d’hémoglobine... Richard Berry illustre complaisamment cette débauche de violence et de sadisme, avec force images hachées et caméra coup de poing. Le fait que l’Immortel soit le moins pire justifie-t-il qu’on en fasse un ange? Il est permis d’en douter.