Critique
Toujours facétieux, le père des Monty Python: sur la scène du palmarès du Festival de Cannes 2009, Terry Gilliam avait fait semblant de croire que le Prix du scénario lui avait été attribué. Ce qui aurait d’ailleurs pu être le cas, sa veine inventive et sa verve étant loin de tarir.
Le réalisateur est en effet passé maître pour évoquer un monde enchanté, bigarré, poétique, qui nous rappelle son BARON DE MUNCHHAUSEN. Le Dr Parnassus (Christopher Plummer) propose aux badauds d’une fête foraine d’entrer dans son théâtre ambulant et de découvrir ce qu’il y a de l’autre côté d’un miroir magique. Emule de Faust, voilà mille ans, il a pactisé avec le Diable, Mr Nick (Tom Waits), obtenant d’abord l’immortalité puis l’échangeant contre la jeunesse - mais il devra livrer sa fille Valentina (Lily Cole) quand elle aura 16 ans.
L’heure est venue de tenir l’enjeu du pari. Dans l’espoir de sauver sa fille, le Dr Parnassus, un peu comme le lapin d’Alice au pays des merveilles, court contre la montre, entraînant une farandole de personnages insolites à qui, au-delà du miroir, il fait découvrir démons et merveilles...
Les âmes sentimentales iront voir le film pour vibrer aux derniers feux de Heath Ledger, relayé après sa mort par Johhny Depp, Jude Law, et Colin Farrell, tous quatre dans le rôle de Tony, Dr Parnassus jeune; ceux qui ont gardé une âme d’enfant apprécieront un univers où des images à la Gustave Doré sont coloriées à la hippy, où des décors évoquent Magritte et Chirico, où les frères Grimm sont revus par Anthony Burgess; les lettrés repéreront des clins d’œil à Samuel Beckett... Le tout est un peu bavard mais, comme le dit le Dr Parnassus, «le monde existe aussi longtemps que quelqu’un raconte une histoire»...
Daniel Grivel
