Critique
Ce «premier cercle» (rien à voir avec Alexandre Soljenytsine!), c’est celui constitué par le clan, par le monde clos d’une famille de truands. Ce cercle-là, personne ne doit le quitter. Un exilé arménien, Milo Malakian (Jean Reno), personnage peu expansif et obsédé par un contrôle constant de ses réactions et de ses émotions, le dirige d’une main de fer. Monstre solitaire et implacable, il songe à sa retraite et médite un dernier casse avant de remettre les affaires à Anton (Gaspard Ulliel), le seul fils qui lui reste. Mais voilà… Anton aspire à d’autres horizons. Il entretient une relation secrète avec une belle infirmière, Elodie (Vahina Giocante). Découvrant avec elle l’existence d’un autre monde, il souhaite s’évader du «cercle».
Le thriller de Laurent Tuel n’a rien d’original. On portera peut-être au crédit de ce film de gangsters sans scrupules une bonne facture et une retenue bienvenue dans les scènes de violence. Mais c’est vraiment tout. On ne s’intéresse en rien aux difficultés relationnelles qui opposent Anton à son père: le cinéaste s’épuise en vain à nous faire croire qu’il y a dans ce conflit de loyauté matière à tragédie. Et les chantages, le cynisme des propos et des actes, c’est du déjà-vu. L’intrigue se borne à nous promener dans de beaux paysages méditerranéens de la Côte d’Azur, d’un vol de voiture à un cambriolage, d’un règlement de comptes à un assaut sur un aéroport.
Le réalisateur de ce film, Laurent Tuel, a pratiqué un peu tous les genres, avec un succès très inégal. Ce n’est pas son incursion dans le domaine du polar qui fera de lui un véritable cinéaste. L’histoire évolue sans surprise, selon un cours linéaire, et l’entreprise souffre d’une conclusion plaquée de façon totalement artificielle.
Antoine Rochat