Critique
La nuit du passage à la nouvelle année est celle de tous les possibles. C’est tout à la fois celle des grandes déprimes, car solitude, rupture ou abandon sont encore plus difficiles à supporter et à assumer cette nuit-là où la fête semble de rigueur. En même temps, tradition oblige, n’est-ce pas la nuit où l’on prononce des vœux et où les nouvelles résolutions ouvrent l’avenir?
Une nuit de Saint-Sylvestre à Zurich, cinq couples de personnages sont, consciemment ou non, à un tournant de leur existence. Gloria, que son mari vient de quitter pour une «plus jeune», rencontre Kaspar, jeune chauffeur de taxi; Pascal, le solitaire, se voit contre son gré confier pour quelques heures une gosse que son père tarde à venir chercher; Zoe, l’ado, sort un moment pour fuir sa mère alcoolique et fait la connaissance d’Oskar, fils de bonne famille; un vieux couple perd Beppo, son chien terrorisé par les feux d’artifice; Nina et Oliver sillonnent la ville dans leur ronde policière.
A la manière d’un puzzle urbain où les pièces s’enchaînent progressivement, tous ces personnages pourraient voir leurs vies basculer, mais le voudront-ils? Avec nuance et tendresse, le réalisateur fait sentir les émotions et les espérances dont cette nuit est remplie. Par petites touches sensibles, il réussit à aborder de nombreux thèmes comme celui du couple, du vieillissement et bien sûr de l’amour et de la solitude dans un monde où la communication est omniprésente. Touchant.
Serge Molla